Jean-Louis Crémieux-Brilhac, grande voix de la France libre, est mort
Haut fonctionnaire et résistant, cet historien est mort à l'âge de 98 ans.
Jean-Louis Crémieux-Brilhac vient de mourir à 98 ans. Haut fonctionnaire et résistant, il s'est révélé sur le tard historien de premier plan sur des périodes de la guerre qu'il avait intimement vécues. Ses livres, comme Les Français de l'an 40 (1990) et La France libre. De l'appel du 18 juin à la Libération (1996), fruits d'années de recherches, font aujourd'hui autorité dans la communauté des historiens.
Né le 22 janvier 1917 à Colombes (Hauts-de-Seine), Jean-Louis Crémieux est originaire d'une famille juive implantée depuis cinq siècles à Carpentras, puis à Nîmes et à Narbonne. A partir de 1931, il passe une partie de ses vacances en Allemagne, où il assiste à la montée du nazisme. Il poursuit ses études à La Sorbonne et obtient une licence de lettres.
Stalag et évasion
Mobilisé en septembre 1939, il suit une formation à Saint-Cyr et est affecté à l'extrémité ouest de la ligne Maginot. En juin, il est fait prisonnier dans la Marne et envoyé en Allemagne. Il parvient à s'évader d'un stalag de Poméranie début 1941 et gagne l'Union soviétique. Il y est emprisonné, comme plusieurs dizaines d'autres Français qui cherchent à rejoindre le général de Gaulle, et finalement interné.
L'invasion allemande de l'URSS en juin 1941 change la donne : la France libre devient l'alliée des soviétiques et, avec quelque 200 autres Français évadés, il peut rallier la Grande-Bretagne, où il s'engage dans les Forces françaises libres en septembre 1941 sous le pseudonyme de Brilhac. Il devient secrétaire du Comité exécutif de propagande et chef du service de diffusion clandestine de la France libre (printemps 1942-août 1944). Il est amené à parler à plusieurs reprises au micro de Radio-Londres, préparant les émissions à destination de l'Europe occupée.
Conseiller pour Pierre Mendès-France
Après la guerre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac est le cofondateur de la Documentation française, dont il devient directeur-adjoint puis directeur. Il est promu conseiller d'Etat (1982-1986). Dans les années 1950, tout en gardant son admiration pour Charles de Gaulle, il soutient Pierre Mendès-France et devient conseiller technique dans le cabinet du président du Conseil (1954-1955).
A sa retraite, Jean-Louis Crémieux-Brilhac se fait historien, publiant des livres remarqués comme Ici Londres. Les Voix de la liberté (cinq volumes, 1975-1977) ou Prisonniers de la liberté (2004). En 1990, il reçoit le prix de l'Assemblée nationale pour Les Français de l'an 40 (deux volumes, parus chez Gallimard). Jean-Louis Crémieux-Brilhac était grand officier de la Légion d'honneur et commander of the order of the British empire.
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