Incident à Fessenheim : pourquoi la centrale donne des sueurs froides aux écolos
Les associations écologistes réclament depuis longtemps la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire de France.
ENVIRONNEMENT – "Sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, je dis 'quand et comment ?'" Il y a quelques jours encore, Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, voulait mettre la pression sur le gouvernement, rapporte Le Monde.fr.
Un nouvel incident sur le site de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), mercredi 5 septembre, réveille le dossier. Deux personnes ont été blessées lors d'un dégagement de vapeur d'eau, pendant une opération de maintenance. François de Rugy, coprésident du groupe EE-LV à l'Assemblée nationale, réclame désormais "un calendrier (de fermeture de Fessenheim)".
Durant la campagne présidentielle, François Hollande s'était engagé à fermer le site d'ici 2017. Mais certains s'impatientent. FTVi vous explique pourquoi les Verts veulent à tout prix fermer la centrale de Fessenheim.
La plus vieille centrale de France
Installée au bord du Rhin, elle comprend deux réacteurs de 900 mégawatts qui ont été mis en service en 1977 pour une durée fixée à quarante ans. Fin août 2012, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ne pointe aucun danger et "considère que les performances du site de Fessenheim en matière de sûreté nucléaire, de protection de l'environnement et de radioprotection sont satisfaisantes".
Elle constate par exemple "des progrès en matière de maintenance des installations et de suivi des prestataires, au cours d’une année 2011 particulièrement chargée". C'est pourtant lors d'une opération de maintenance que deux personnes ont été brûlées, mercredi. L'incident de Fessenheim est "sans enjeu de sûreté" nucléaire, a par ailleurs indiqué le ministère de l'Ecologie et de l'Energie.
Une centrale construite sur une zone sismique
D'après les associations, le site est construit sur une zone dangereuse. Les bâtiments se trouvent sur une faille sismique et sont par ailleurs situés en contrebas de la digue du Grand canal d'Alsace. En cas de rupture de la digue, la centrale risquerait d'être inondée. Par contagion, la pollution de la nappe aurait des conséquences pour toute l'Europe du Nord.
Mais les associations écologistes critiquent également la finesse du radier de la centrale, cette dalle de béton sur laquelle est construit le réacteur. Il ne mesure aujourd'hui qu'1,5 mètre d'épaisseur, soit cinq fois moins qu'à Fukushima. Sur ce point, l'ASN donne raison aux associations. Elle a exigé des travaux pour renforcer le radier, qui doivent être réalisés avant juillet 2013. Mais selon elle, un tel chantier permettrait alors de prolonger la vie du site d'une dizaine d'années.
Des incidents plus fréquents qu'ailleurs
Ce n'est pas la première fois qu'un incident touche la centrale du Haut-Rhin. A vrai dire, l'ASN compile une longue liste d'avis d'incidents sur son site, qui seraient "deux à trois fois plus nombreux que la moyenne des incidents dans l'ensemble des centrales", selon l'association "Stop Fessenheim" (pdf). En avril 2012, un départ de feu a eu lieu dans une salle des machines de Fessenheim, dans la partie non nucléaire, sans faire de blessés.
A l'époque, le réseau "Sortir du Nucléaire" exprime son agacement par voie de communiqué. "Un 'départ de feu' puis 'une fuite d'eau radioactive' survenus en début de mois sur le site de Penly ; un 'dégagement de fumée' observé à la centrale du Tricastin moins d'une semaine plus tard ; et maintenant Fessenheim qui connaît un autre 'départ de feu' : à chaque fois, il n'y a jamais eu, pour EDF, de raison de s'inquiéter."
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