Il n'y a pas eu de trou de plus 20 millions d'euros dans les caisses du CCE d'Air France comme avancé par Le Figaro
Lundi, le journal évoquait un trou "inexpliqué" évalué entre 21 et 24 millions d'euros imputable à l'équipe en place, entre mars 2007 et le 3 novembre 2009.
Un audit sur les comptes et la gestion, examiné mardi par la commission économique du Comité central d'entreprise, n'a constaté "aucune preuve d'enrichissement personnel des élus" ni de "trou".
En l'absence d'enrichissement personnel, le CCE n'a pas voté à ce stade le principe d'un dépôt de plainte, mais ses élus ont pris "acte des conclusions de l'expertise et des constats relevés susceptibles de compromettre certains grands équilibres et la pérennité de la structure", selon une motion transmise à la presse, dans laquelle ils ne donnent pas de chiffres. En outre, ils ont affirmé "leur volonté de résoudre les problèmes de financement et de trésorerie du CCE et leur objectif de garantir la pérennité de cette institution au bénéfice de l'ensemble des salariés et de leur famille".
La motion n'a pas fait l'unanimité, la CGT s'étant abstenue et la CFE-CGC ayant voté contre notamment, a précisé une source syndicale à l'AFP. Les syndicats divergent sur les solutions à apporter pour redresser le CCE.
Sur son site, La Tribune a mis en ligne des extraits du rapport où, d'après le quotidien, le "trou" n'apparaît pas clairement. Mais il précise que l'audit s'interroge sur certaines pratiques, dont "la prise en charge par le CCE de dépenses à vocation personnelle", comme des frais de nourrice, de location de voitures, de contraventions.
Les syndicats réagissent
Pour la CGT, premier syndicat de la compagnie aérienne, "la situation financière du CCE est catastrophique" et l'instance "doit être entièrement refondée sur des bases saines". FO a demandé "que des mesures soient prises par la direction d'Air France pour que le CCE remplisse complètement son rôle à la fois social et économique". Le syndicat s'inquiète de possibles licenciements à venir parmi les quelque 300 salariés du CCE (1.000 avec les salariés des comités d'établissement qui en dépendent). La CFTC propose "que soit confiée à un administrateur professionnel la gestion du CCE (patrimoine et oeuvres sociales)", jusqu'aux prochaines élections professionnelles en 2011.
Pour sa part, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) demande "une réforme en profondeur des règles de gestion" du CCE, dénonçant son "train de vie" et "l'importance de son patrimoine de centres de vacances qui ne correspond plus aux demandes des salariés". D'après le SNPL, le déficit structurel du CCE s'élève à 7 à 8 millions d'euros chaque année, montant qui a été renfloué parfois par Air France.
La prochaine session de CCE d'Air France est prévue le 21 janvier.
Le Figaro avait lancé un pavé dans la mare
"95% de ce trou s'explique par une mauvaise gestion, 5% par un possible enrichissement personnel", avait estimé un observateur sollicité par Le Figaro. D'après une source proche du dossier interrogée par le journal, "des millions ont été dépensés sans justification" et, "depuis plusieurs années, le million d'euros est l'unité de base".
L'audit devait même faire état de représentations du cirque Pinder achetées par le CCE et revendues à des associations sans que l'argent soit revenu dans ses caisses. Ou encore de logements de fonction loués pour des élus syndicaux de province, dont on n'a pas retrouvé les baux.
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