Hollande ne veut pas laisser la "sécurité" à la droite
A Aurillac où il tenait un meeting jeudi soir, le candidat socialiste a adopté un ton grave pour évoquer la lutte contre le terrorisme.
Comment François Hollande allait-il réussir à parler à nouveau de politique ? Comment trouver les mots justes après l'émotion suscitée par les drames de Toulouse et Montauban ? Après une journée où les deux camps se sont mutuellement accusés de récupération politique, l'agenda du candidat socialiste le menait à Aurillac, dans le Cantal, non loin de ses terres corréziennes. Seul, sans ses principaux lieutenants. Les attaques de Jean-François Copé, jeudi matin dans Le Figaro, et les propositions de Nicolas Sarkozy à Strasbourg auraient pu le pousser à répliquer frontalement.
Mais François Hollande a préféré adopter un ton grave. Et donner des gages, en cas d'élection, sur son point faible supposé : la sécurité. "Je l'affirme ici : La République ne laissera aucun terroriste en paix (…) La République les vaincra et la France ne baissera jamais la garde."
Pendant de longues minutes, c'est un François Hollande solennel qui s'adresse à 2 500 militants et sympathisants attentifs. Ils l'observent dans un silence quasi religieux, parfois rompu par de timides applaudissements. "Aujourd'hui, la campagne reprend ses droits, et c'est nécessaire, car la France va faire un choix décisif et essentiel pour les cinq prochaines années", prévient-il. Pas question en revanche de se laisser entraîner dans les chamailleries auxquels se livrent l'UMP et le PS par communiqués interposés. "L'heure n'est pas de faire je ne sais quelle polémique, lance-t-il. Nous devons garder de la dignité. C'était ma démarche avant ce drame, c'est ma démarche après ce drame", plaide-t-il. Depuis trois jours, tous mes actes, tous mes gestes, toutes mes paroles ont été guidés par le seul souci qui est le mien : rassembler la communauté nationale."
"Je ne changerai pas de discours"
Mais François Hollande ne résiste pas non plus à épingler la droite : "J'ai noté que les polémiques avaient repris. On ne les refait pas, ils sont ainsi !" En réponse aux mesures répressives annoncées par Nicolas Sarkozy jeudi après-midi, il oppose sa cohérence, la cohésion nationale qu'il prône dans le programme dévoilé il y a déjà plusieurs mois. Le socialiste n'annonce rien de nouveau mais balaie tous ses thèmes de prédilection : l'éducation, la laïcité, la justice… Car s'il ne concède "aucune excuse" au terrorisme, il jure que son éradication passera par "l'affirmation des valeurs de la République et le refus de l'amalgame".
De tous les candidats, il est sans doute celui qui a le plus à perdre de la séquence sécuritaire qui pourrait s'ouvrir. Placé depuis lundi dans la posture inconfortable de suivre Nicolas Sarkozy à la trace pour ne pas disparaître des écrans radars derrière l'omniprésence d'un candidat momentanément redevenu président, Hollande ne veut pas se laisser influencer par les aléas de la campagne. Insensible aux attaques, "qui ne le touchent pas", il garde son cap : "Je ne changerai pas de discours, je ne modifierai pas mon attitude". Et promet que son seul but est de rassembler, de "réconcilier les Français, qui ont connu trop de divisions, trop de diatribes, trop de discordes".
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