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Traversées de migrants dans la Manche : "Il n'y a pas une seule nuit sans qu'il y ait des alertes au sauvetage", s'inquiète la SNSM de Calais

Dans la Manche, les sauveteurs de la station de Calais de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) sont confrontés à de plus en plus de tentatives de traversées de migrants.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des migrants dans un canot pneumatique portant des gilets de sauvetage alors qu'ils traversent la Manche de la France vers la Grande-Bretagne, le 11 septembre 2020. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Il n'y a pas une seule nuit sans qu'il y ait des alertes au sauvetage" dans la Manche, a expliqué dimanche 21 novembre sur franceinfo Bernard Barron, président de la station de Calais de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Dans la Manche, les sauveteurs sont confrontés à de plus en plus de tentatives de traversée. Près de 250 migrants ont été secourus ces deux derniers jours.

franceinfo : Avez-vous participé aux opérations de sauvetage de ces deux derniers jours ?

Bernard Barron : Oui, nous sommes dans les Hauts-de-France cinq stations et nos sauveteurs bénévoles sont mis à contribution jour et nuit depuis quelques jours. Hier, tous les canots de sauvetage de la SNSM étaient sur l'eau dans la nuit et la matinée pour porter assistance à ces migrants en difficulté.

"Depuis un mois, nous sommes mis à contribution à peu près tous les deux jours. Il n'y a pas une seule nuit sans qu'il y ait des alertes au sauvetage."

Bernard Barron, président de la station de Calais de la SNSM

à franceinfo

Est-ce que toutes les opérations de sauvetage se ressemblent ?

Malheureusement non. Il y a beaucoup d'opérations de sauvetage qui sont confiées aux services de l'Etat qui sont en mer, les douanes, la marine nationale, les affaires maritimes. Elles ont un rôle d'interception, de garde-frontière. Nous, à la SNSM, nous sommes intégrés dans ce dispositif de service public mais comme nous avons un statut associatif et bénévole nous n'intervenons que pour sauver des vies humaines, c'est-à-dire lorsque la tour de contrôle de la Manche et de la Mer du nord nous signale des personnes à sauver, des gens à la mer, en détresse et en péril.

Combien de temps ont les sauveteurs pour intervenir ?

C'est une règle d'or chez nous, nous avons 10 minutes pour nous réveiller et gagner le canot de sauvetage et nous avons 5 minutes supplémentaires pour sortir du port et pour que l'on puisse se diriger le plus vite possible vers le point de détresse signalé.

Quels sont les risques pour les migrants qui tentent la traversée de la Manche ?

Les risques qui se présentent sont les mêmes en novembre ou en juillet. La Manche est une autoroute avec des bateaux qui passent dans un sens et dans l'autre, ils sont au nombre de 300 dans chaque sens de circulation et toutes ces embarcations clandestines doivent traverser des routes qui sont fréquentées par des porte-conteneurs et des pétroliers. Les dangers, ce sont les risques de collision, la difficulté des conditions de mer et la température de l'eau.

À quoi ressemblent les embarcations des migrants ?

Elles ont changé depuis la fin de l'été. Autrefois, les passeurs avaient deux techniques pour leur clientèle. Ils les faisaient monter dans des camions qui prenaient les ferrys et ils utilisaient des petits moyens de sauvetage comme des piscines. Depuis l'été dernier, les passeurs se sont organisés. Ils ont mis au point des bateaux qui sont capables de transporter 50 à 60 personnes, des familles entières. On appelle ça des long boat, ce sont de gros bateaux qui ne sont pas faits pour traverser la Manche puisqu'ils n'ont pas de fond. Ce sont des pneumatiques et avec la surcharge dès la première vague ils se plient et se remplissent d'eau et deviennent de grosses piscines. Les small boat sont plutôt utilisés par des migrants qui ne sont pas sous la coupe de passeurs.

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