La crise migratoire à Calais détourne les touristes britanniques de la Côte d'Opale
L'office de tourisme enregistre une baisse de la fréquentation des Anglais.
Les touristes britanniques boudent la Côte d'Opale. "En juin ça allait encore, nous étions à 20% d'Anglais, mais en juillet nous sommes tombés à 8%", regrette Solange Leclercq, directrice de l'office de tourisme Calais - Côte d'Opale. L'été, la proportion des "British" dépasse normalement les 20%. C'est la conséquence de l'intense battage médiatique outre-Manche sur les tentatives de migrants d'emprunter le tunnel sous la Manche pour gagner l'Angleterre, qui ont connu un pic au coeur de l'été.
"On montre des images localisées sur deux endroits, c'est-à-dire les terminaux transmanche, mais jamais le centre-ville, la plage, le front de mer, et du coup les gens ont peur", explique Solange Leclercq, ajoutant : "quand vous êtes coincés en attente dans une file de camions avec des assauts de migrants et la police en face, on peut croire que ce sont des scènes de guerre". Une autre raison explique cette désaffection, d'après tous les professionnels interrogés: le blocage fin juin et début juillet du port de Calais par les marins de MyFerryLink.
"J'ai une perte énorme de 30 000 euros"
Au camping haut de gamme La Bien assise, à 10 km de Calais, occupé chaque été à 90% par des Anglais, Frédéric Mancho fait grise mine : "j'ai une grosse baisse de fréquentation, une perte énorme au mois de juillet, de 30 000 euros, qui va perdurer au mois d'août", assure le gérant, résigné. "A partir du 23 juillet, nous devrions afficher complet en permanence, or je n'ai jamais mis ce panneau cette année, j'ai toujours 30, 40, 50 emplacements libres sur le camping", poursuit-il.
Pour la grande majorité des Anglais, Calais est un lieu de passage pour une nuit, un restaurant gastronomique, avant d'aller ailleurs, explique-t-on à l'office de tourisme. Que Calais soit touché et c'est toute la côte qui subit, puisque la cité portuaire est une plaque tournante.
La clientèle qui a bravé la tempête médiatique pour traverser tout de même la Manche se montre nerveuse. "Ils posent des questions, demandent si leurs compatriotes n'ont pas eu de souci", rapporte Thomas Bernard, propriétaire de la Ferme du vert, située à 20 minutes du tunnel. "L'image qu'on traîne est très lourde, et elle est difficile à contrer. On va devoir reconquérir la clientèle britannique" et cela prendra "plusieurs mois", prédit l'office de tourisme de Calais. "Mais les Français, les Néerlandais, les Belges et les Allemands sont bien présents, tout n'est pas négatif", avance-t-il.
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