Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam : pour le démantelement de la "jungle" de Calais, "faisons confiance" au gouvernement
Jean-Claude Lenoir, le président de l'association Salam qui vient en aide aux migrants dans la "Jungle" de Calais, n'a pas souhaité participer à l'action collective d'autres associations qui saisissent la justice pour tenter d'en retarder le démantèlement. Pour autant, "nous serons très attentifs à la méthode et à ce qui va se dérouler" a-t-il déclaré sur franceinfo.
Des associations de Calais saisissent la justice pour tenter de retarder le démantèlement de la "jungle". Onze associations, parmi lesquelles Emmaüs, le Secours catholique et l'Auberge des migrants, ont en effet saisi mercredi 13 octobre en référé le tribunal administratif de Lille pour s'opposer à son évacuation.
Jean-Claude Lenoir est le président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants dans la "jungle" : il n'a pas souhaité participer à cette action collective, car il estime ce jeudi sur franceinfo qu'il "ne faut pas faire de procès d'intention", et qu'il faut "faire confiance" au gouvernement et aux travailleurs sociaux.
franceinfo : Pourquoi ne pas avoir saisi la justice avec les autres associations, vous ne partagez pas leurs inquiétudes ?
Jean-Claude Lenoir : Nous n'avons pas envie de faire de procès d'intention et puis, surtout, nous pensons que depuis 15 ans nous revendiquons que le gouvernement s'occupe des migrants et leur offre un hébergement inconditionnel, et nous sommes dans la confiance. Par contre, nous serons très attentifs à la méthode et à ce qui va se dérouler. Déjà 6 000 personnes sont parties dans des centres d'accueil provisoire, pour étudier leurs démarches éventuelles d'asile. C'est pour nous une grande avancée.
Ce qui inquiète, c'est le sort des mineurs. Ils seraient encore 1 300 dans la "jungle". Qu'est-ce qu'ils vont devenir ?
Les mineurs et les mamans, ce sont les points importants. Le ministre [le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve ndlr] nous a confirmé que rien ne serait entrepris avant que des solutions légales ne soient prises. Il y a une proposition qui est faite avec l'Angleterre, qu'une partie [de ces mineurs] qui ont de la famille en Angleterre puissent rejoindre la Grande-Bretagne, ce qui serait une très bonne chose. Et puis les autres iront dans les départements dont c'est le rôle, dans des centres ad hoc. S'il manque des centres, le ministre s'est engagé à ce que l'État crée des centres pour les accueillir, avec un financement gouvernemental. Alors faisons confiance, et à l'approche de l'hiver, espérons que rapidement plus personne ne dorme à la belle étoile.
D'après vous, comment va se dérouler ce démantèlement ?
Je suis à la fois confiant, mais à la fois je pense que ça aurait pu commencer depuis un bon moment. Les gens seraient déjà à l'abri. Et on aurait pu héberger, sur les 7 000 personnes qui peuplent la "jungle", un bon 60 ou 70% qui veulent rejoindre les centres d'hébergement. Cela aurait fait beaucoup moins de monde. On est assez optimistes sur les 2/3 de gens qui vont vouloir partir. Bien évidemment, on a beaucoup de craintes, beaucoup de difficultés à convaincre le dernier tiers. Faisons confiance aux travailleurs sociaux qui (...) sauront convaincre les gens de rejoindre les accueils qui leur permettront de réfléchir à leur avenir. Ils seront forcément mieux que dehors.
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