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Deux militaires tués dans une embuscade en Guyane

Tous deux ont succombé à des tirs alors qu'ils participaient à une opération contre des chercheurs d'or clandestins. Deux gendarmes sont grièvement blessés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un camp d'orpailleurs clandestins démantelé par l'opération Harpie à Saül, dans le centre de la Guyane, le 19 mai 2009. (JODY AMIET / AFP)

Deux militaires français ont été tués dans une opération conjointe entre l'armée et la gendarmerie contre un site d'orpaillage clandestin en Guyane française, ont annoncé mercredi 27 juin la préfecture et le ministère des Outre-Mer. Deux autres militaires, de la gendarmerie, ont été grèvement blessés. Toutefois, leur pronostic vital n'est pas engagé.

• Que s'est-il passé ?

Vers 10 heures (locales), un hélicoptère EC-145 participant à une opération de sécurisation de la zone est pris pour cible. L'opération devait permettre l'installation progressive d'une société minière légale dans le secteur de Dorlin, sur la commune de Maripasoula. Cette région est connue pour être un haut lieu isolé de l'orpaillage clandestin en Guyane depuis près de vingt ans, sans accès terrestre depuis le littoral. Un gendarme est alors blessé légèrement à la cuisse. "C'est comme si quelqu'un avait vidé le chargeur de son pistolet sur l'hélicoptère", rapporte un témoin. Touché par sept impacts, l'aéronef est parvenu à se poser avec un moteur en moins.

Vers 13 heures, les autorités décident de déposer à 2 km de l'incident trente-six gendarmes et "marsouins". Le groupe progresse à pied sur un sentier forestier. Il fait à peine 100 mètres avant de tomber dans une embuscade. Les tirs sont nourris. Echanges de coups de feu. Un homme est tué immédiatement, un autre meurt des suites de ses blessures après son évacuation. Deux gendarmes du Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) de Cayenne sont blessés. Le premier a été touché à l'abdomen et le second au bras et à la jambe.

• Qui sont les victimes ?

Les deux militaires tués étaient membres du 9e RIMa, qui participe aux opérations Harpie contre les orpailleurs, selon l'état-major des armées. L'un d'eux est un caporal-chef de 32 ans, père d'un enfant, l'autre un adjudant de 29 ans.

• Comment expliquer ce drame ?

Le colonel Didier Laumont, commandant de la gendarmerie en Guyane, s'est interrogé sur le type d'armes utilisées par les assaillants. "On n'avait pas lieu de penser tomber sur des gens avec une telle détermination et dotés d'armes qui ne sont pas celles utilisées habituellement par les garimpeiros", les chercheurs d'or brésiliens attirés par le renchérissement constant du prix de l'or (50 euros le gramme actuellement contre 40 euros fin 2011), a-t-il déclaré.

"Ce sont des armes qui ont causé des blessures sévères", a-t-il ajouté, en soulignant que les militaires qui participaient à l'opération "étaient vêtus de gilets pare-balles", pas du type de "ceux employés en Afghanistan, mais des gilets qui résistent aux tirs de fusils de chasse et aux armes de petit calibre". Or, selon lui, des hommes ont aussi été blessés sur des parties du corps qui étaient censées être protégées par les gilets. "Les expertises balistiques devront nous dire quelles armes ont été utilisées, leur nombre et donner ainsi la dimension de l'adversaire", a-t-il souligné.

Le procureur de la République de Cayenne n'a pas exclu que les inconnus qui ont tué les deux militaires aient pu utiliser des armes de guerre, vu la nature des blessures constatées.

• Valls dénonce une "volonté de tuer"

Victorin Lurel, le ministre des Outre-mer, est attendu sur place jeudi pour "rendre hommage aux deux militaires tués et se rendre au chevet des blessés", selon son ministère. Lui et ses collègues de l'Intérieur, Manuel Valls, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont exprimé leur "très vive émotion" et condamné "avec la plus grande fermeté" cette attaque "contre des représentants de l'autorité républicaine".

"Un tel niveau de violence n'était jamais arrivé, avec des individus très déterminés qui avaient une volonté de tuer, a déclaré Manuel Valls, à Dreux (Eure-et-Loir), en marge du congrès du syndicat de police Unsa. La lutte contre l'orpaillage en Guyane doit continuer."

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