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Garçon qui pouponne, fille qui bricole… En 2012, les catalogues désexualisent les jouets

Francetv info vous explique comment les distributeurs de jouets accompagnent le partage des tâches à la maison.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Malgré des évolutions, la Barbie reste très fortement associée aux petites filles. (MARK RALSTON / AFP)

SOCIETE - Les petites filles qui jouent à faire la cuisine ou le ménage, les petits garçons au bricolage ou avec des voitures, c'est presque fini. En feuilletant les catalogues de jouets de Noël 2012 distribués ces jours-ci dans nos boîtes aux lettres, on peut voir des petits garçons pouponner ou faire la cuisine et des petites filles marteau et tournevis en main. Une façon pour les distributeurs de jouets d'accompagner une évolution de la société : le partage des tâches ménagères évolue, les hommes s'y mettent de plus en plus. 

Dans le catalogue des magasins Super U, les garçons jouent à la dînette et câlinent une poupée, quand des petites filles s'amusent avec une voiture téléguidée. "Une première", explique à francetv info Système U. "L'année dernière, des clients se sont plaint et nous ont envoyé des réclamations, car ils trouvaient que nous avions tendance à trop stéréotyper les jouets en fonction du genre des enfants. Comme des dînettes roses pour les filles ou des voitures pour les garçons", indique le groupe. "Donc nous avons fait évoluer notre catalogue pour le diversifier." 

 

 

"Les enfants s'amusent à reproduire le schéma familial"

Si c'est une nouveauté pour certains supermarchés, les spécialistes de la vente de jouets affirment qu'ils réfléchissent à la question du genre depuis plusieurs années. Contactée par francetv info, La Grande Récré indique mener cette réflexion depuis une dizaine d'années grâce à la gamme mixte "Tim et Lou", qui concerne les jeux d'imitation (ménage, bricolage, cuisine...).

 

Une façon pour le distributeur de jouets "d'accompagner les nouvelles pratiques des couples". "Les enfants s'amusent à reproduire le schéma familial, même pour la cuisine, le ménage… Comme de plus en plus d'hommes font le ménage ou la cuisine, il y a de plus en plus de demandes sur ces jouets d'imitation de la vie quotidienne", souligne La Grande Récré.

L'aspirateur, un succès chez les petits garçons

Mais comment "désexualiser" un jouet qui a toujours été associé aux petites filles ? Deux paramètres sont importants : la couleur et la présentation. L'aspirateur de La Grande Récré est passé du rose au orange, une couleur plus neutre. Et "le visuel est très important", estime Joué Club, autre géant du jouet, contacté par francetv info. "On a mis des petits garçons sur les boîtes des jouets et dans les catalogues. De cette manière, les enfants peuvent se représenter et désirer un produit", précise-t-on chez Joué Club.

 

La stratégie fonctionne plutôt bien, puisque l'aspirateur "neutre" proposé par La Grande Récré se vend autant aux garçons qu'aux filles. Mais le chariot de ménage (avec balai et toute la panoplie) reste majoritairement offert aux petites filles, note l'enseigne.

Barbie résiste

Joué Club confirme qu'il y a "de plus en plus de demande" concernant des jouets qui ne sont pas exclusivement féminins ou masculins. "Notre stratégie, qui consiste à éviter que les jeux soient sexués ou même sexistes, a été mise en place il y a cinq ans pour répondre à la demande des consommateurs et accompagner une évolution sociale". Dans le catalogue de Joué Club, les jeux d'imitation sont ainsi sortis des pages "filles" et "garçons", et gagné les pages "neutres". "Nous avons eu des courriers de félicitations des clients", se réjouit le vendeur de jouets.

Toutefois, ce qui est possible pour les jeux d'imitation de la vie familiale ne l'est pas forcément pour les autres jouets. Il existe deux catégories de jeux, les jeux de reproduction (en fonction de ce que les enfants observent) et les jeux d'imagination (avec les personnages de dessins animés, de films, etc.). Avec ces derniers, la sexualisation des jouets reste encore très forte. "Pour le premier âge, les gammes bleues pour les garçons et roses pour les filles restent immuables, la demande est très forte"assure Joué Club. Une Barbie offerte à un petit garçon n'est toujours pas envisageable pour le responsable : "La Barbie reste une barrière difficile à franchir. La poupée reste rose et associée aux petites filles, c'est quelque chose qui est beaucoup plus dur à changer."

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