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François Hollande a-t-il trouvé le bon ton médiatique ?

Le chef de l'Etat, qui reprend des couleurs dans les sondages, sera l'invité de M6, dimanche soir. Arnaud Mercier, politologue, décrypte sa stratégie.

Article rédigé par Ariane Nicolas - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Hollande à l'Elysée, le 12 juin 2013. ( MAXPPP)

Il avait promis qu'il parlerait régulièrement aux médias durant son quinquennat, il le fait. Un mois tout juste après sa conférence de presse télévisée, François Hollande sera sur le plateau de "Capital", en direct sur M6, dimanche 16 juin. Il répondra aux questions du journaliste Thomas Sotto, centrées sur la situation économique de notre pays et notamment sur les question du chômage des jeunes, du travail dominical ou encore des arrêts maladie.

Président solitaire au plus bas dans les sondages jusqu'au mois de mai, François Hollande remonte légèrement dans l'estime des Français en juin (+5 points de confiance, selon TNS Sofres, avec une cote de confiance à 29%). Ses interventions publiques récentes ont-elles changé son image ? Arnaud Mercier, politologue et professeur à l'université de Lorraine, à Metz, a répondu à nos questions.

Francetv info : Deux interventions télévisées en un mois, n'est-ce pas trop pour un président de la République ?

Arnaud Mercier : François Hollande avait un réel déficit d'image et de communication. A droite comme à gauche, de nombreuses critiques pointaient son incapacité à fixer une ligne politique claire. Des silences sur certains dossiers gênaient, tout comme les ratés au sein du gouvernement, par exemple sur le dossier ArcelorMittal

Après plusieurs mois de flottement, le chef de l'Etat et son Premier ministre ont enfin compris qu'ils devaient mieux affirmer leur cap, le marteler. L'important pour eux, c'est de montrer qu'ils sont cohérents, sur le plan économique surtout. Il a fallu attendre plus d'un an pour que l'exécutif assume totalement son point de vue réformiste, social-démocrate. Je pense que le président aura encore besoin d'autres interventions publiques prochainement, pour affiner cet objectif. Peu importe que l'on soit d'accord avec lui ou pas, tant qu'il donne le sentiment qu'il essaie des choses, qu'il recherche l'efficacité.

Quels dossiers lui ont permis de reprendre la main ?

Concernant la flexibilité du marché du travail ou la réforme des retraites, par exemple, certains tabous sont levés. François Hollande a également fait preuve de fermeté sur le mariage pour tous ou l'Union européenne.

La répartition des rôles avec Jean-Marc Ayrault semble par ailleurs plus limpide. Ayrault est une sorte de double de François Hollande : discret, pas vibrionnant. D'un côté, Ayrault a été davantage repositionné vers l'action de ses ministres, qu'il a recadrés à plusieurs reprises. De l'autre, Hollande a cassé son image d'homme "normal".

On l'a vu plaisanter aux côtés de Jamel Debbouze, cette semaine. Est-ce un point positif pour son image de président ?

Hollande est fondamentalement un jovial. Depuis quelques mois, il tente de retrouver un point d'équilibre dans son rôle de président, ni trop relâché, ni trop solennel. Il arrive progressivement à concilier le contrôle nécessaire de son image et la façon personnelle d'habiter le rôle. Il ne joue pas au président, il essaie de devenir le président Hollande. Faire des blagues avec Jamel Debbouze ne peut pas lui nuire, car il sait prendre les accents de gravité quand il le faut. Jouer au président grave, catastrophiste, n'apporterait rien ni à sa cote de popularité, ni à la société.

Le choix d'une chaîne comme M6 est assez inhabituel pour un chef de l'Etat. Comment l'interpréter ?

Cela montre qu'il ne fait pas dans la communication institutionnelle. François Hollande ne veut pas de grand-messe médiatique à l'Elysée. Sur le terrain, il n'hésite pas à répondre directement aux journalistes. Son interview sur M6 prouve qu'il souhaite diversifier les supports de communication. Le choix d'une chaîne privée s'inscrit dans cette logique. Il faut dire qu'une émission spéciale, comme celle de Jacques Chirac en 2005 sur la Constitution européenne, a tendance à dramatiser la situation. Au moins, dimanche, il n'y a pas d'enjeu du type : "émission de la dernière chance".

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