François Fillon a affirmé lundi que les policiers condamnés à Bobigny avaient commis des "faits injustifiables"
Rappelant que "l'honneur de la police" exigeait "un comportement exemplaire", le Premier ministre a également appelé "chacun à la raison, à la modération et au sens des responsabilités".
L'Union syndicale des magistrats (USM) a elle demandé au ministre de la Justice la tenue d'une table ronde police-justice et, à défaut, menacé de porter plainte.
"Depuis des mois, voire des années, les décisions rendues par les magistrats sont, en violation de la séparation des pouvoirs et des règles du code pénal, contestées, critiquées par le ministre de l'Intérieur et certains syndicats de policiers", écrit le président de l'USM, Christophe Régnard, dans un courrier au ministre de la Justice, Michel Mercier.
Cette mise au point fait suite aux propos de Brice Hortefeux qui a jugé "disproportionnée" la condamnation à de la prison ferme de sept policiers de Seine-Saint-Denis accusés d'avoir menti.
Une affirmation pointée du doigt par son collègue de la Justice qui a déclaré que M. Hortefeux n'était "pas ministre de la Justice". "Je ne laisserai jamais dire que les magistrats sont laxistes. C'est totalement faux", a déclaré le garde des Sceaux dans un entretien au Parisien de dimanche.
Les magistrats haussent le ton
Pour que "ce type de mises en cause ne se reproduise plus", l'USM demande l'organisation d'une "table ronde réunissant, éventuellement sous l'égide du Premier ministre, les représentants de tous les syndicats de policiers et de magistrats, les représentants de la gendarmerie", le ministre de l'Intérieur et celui de la Justice, afin de "dégager un modus vivendi acceptable et conforme à l'Etat de droit".
Si cette proposition "devait échouer ou n'était pas mise en oeuvre", l'USM demandera au ministre "d'engager des procédures pénales à l'encontre de tous ceux, qu'ils soient policiers ou ministre, qui ont manifestement violé la loi en commentant une décision de justice et en stigmatisant les magistrats dans leur ensemble".
"A défaut d'action de votre part", poursuit la lettre, "nous nous réservons naturellement le droit d'engager nous-mêmes ces procédures".
Le Syndicat des avocats de France (SAF, gauche), se disant "scandalisé" par les propos de Brice Hortefeux, a lui aussi menacé lundi de porter plainte "à défaut de réactions fermes et immédiates des pouvoirs publics pour que la justice retrouve la sérénité dont elle a besoin".
EE-Les Verts demande la démission de Brice Hortefeux
Europe Ecologie-Les Verts a demandé lundi soir la "démission" de Brice Hortefeux, jugeant "inadmissible" le soutien témoigné par le ministre de l'Intérieur aux policiers condamnés à Bobigny.
Pour EELV, en s'en prenant à la décision du tribunal de Bobigny et en "désavouant" ses juges, M. Hortefeux "a violé la séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice garantis par la Constitution de la Vème République". "Cet acte doit être sévèrement condamné par le Conseil constitutionnel et le président de la République, tous les deux garants du respect de l'ordre constitutionnel en France", poursuivent les écologistes, pour qui le ministre "fait également un acte schizophrène".
François Fillon joue les médiateurs
Lors d'une réunion à huis clos des préfets, François Fillon a tenté de mettre un terme aux tensions entre policiers et magistrats ainsi qu'au désaccord public entre les ministres de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et de la Justice, Michel Mercier.
"Passé l'émotion, je ne puis admettre que magistrats et policiers donnent le sentiment de se dresser les uns contre les autres", a déclaré.
"Le respect dû à la justice est un des fondements de l'Etat, la justice ayant elle-même le devoir d'assurer la cohérence de la chaîne pénale tout entière", a insisté M. Fillon. "Qui profite de cet affaiblissement de l'Etat ? Certainement pas les magistrats, certainement pas les policiers et encore moins les citoyens; les seuls bénéficiaires sont les criminels et les délinquants!", a-t-il relevé.
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