France Télécom: Lombard veut rassurer les salariés
Le PDG de France Télécom Didier Lombard et son N°2 Stéphane Richard se sont adressés mardi aux salariésLe PDG de France Télécom Didier Lombard et son N°2 Stéphane Richard se sont adressés mardi aux salariés
Ils ont promis un "renouveau social" et un assouplissement des règles de mobilité après la vague de suicides dans le groupe.
Toutes les organisations appelaient à la grève pour dénoncer la souffrance au travail et les 24 suicides en moins de deux ans. Sud-PTT a estimé que de 30 à 40% de salariés étaient en grève; ils étaient 15% pour la direction.
Les syndicats ont appelé à une journée d'action mardi, sous forme de grèves, débrayages, rassemblements, etc., avant une nouvelle journée mercredi, dans le cadre d'un appel international pour "un travail décent".
Quelque centaines de salariés de France Télécom, entre 200 et 300 selon les syndicats, se sont rassemblés mardi devant le siège du groupe à Paris, où se tenait une réunion de négociation sur le stress au travail, pour dénoncer la souffrance au travail.
Conditions de mobilité assouplies
Les syndicats ont retrouvé mardi pour des négociations le PDG du groupe Didier Lombard et son nouveau numéro 2, Stéphane Richard, qui remplace Louis-Pierre Wenes.Didier Lombard a annoncé plusieurs mesures après la vague de suicides qui a touché l'entreprise. Il a renouvelé sa promesse d'un "nouveau contrat social de l'entreprise" qui "reposera largement sur le produit de la négociation". Parmi les "propositions" formulées aux syndicats, qui selon lui "constituent une base, sans doute améliorable", le PDG souhaite assouplir les conditions de mobilité des salariés. L'opérateur a déjà annoncé lundi le gel des mutations forcées jusqu'à fin décembre, mais selon le PDG le terme "moratoire" n'est "pas adéquat" car "en tout état de cause, les mobilités ayant lieu à partir du début de l'an prochain ne se dérouleront plus comme avant".
Ainsi, les salariés à moins de trois ans de la retraite ou ceux optant pour un "temps partiel senior" ne pourront faire l'objet d'une "mobilité non souhaitée". Par ailleurs, le PDG s'"engage à ce que les salariés puissent bénéficier d'une période de trois ans de stabilité minimum sur un poste après une mobilité fonctionnelle ou géographique". Le PDG a aussi réaffirmé la fin de la mobilité systématique tous les trois ans pour les cadres, annoncée le 28 septembre. Se disant "conscient que la mobilité est une contrainte pour certains de nos salariés", M.Lombard "demande à ce qu'au moins deux opportunités d'évolution soient proposées en cas de réorganisation ou de fermeture de site".
Parmi ses autres propositions, le PDG a souhaité donner "plus de marge de manoeuvre au niveau local" aux managers, "permettre à chacun de prendre ses congés, en tenant compte des contraintes saisonnières de l'activité" et autoriser "la personnalisation des lieux de travail pour ceux qui le souhaitent".
Plusieurs revendications non satisfaites, selon le syndicat
Avant la réunion, les syndicats avaient exprimé l'espoir que la direction annonce des "mesures d'urgence", comme "un volume de créations d'emplois", et "la suspension de tous les outils de mesures de la performance et de la surveillance", a indiqué Christian Mathorel (CGT).
"Le personnel est mobilisé et l'émotion liée à la vague des suicides fait place aujourd'hui à une volonté revendicative", a ajouté le syndicat Sud-PTT, citant plusieurs revendications: "recrutements pour alléger la charge de travail, dix minutes de pause toutes les heures dans les centres d'appels, arrêt des méthodes de surveillance et de flicage, arrêt des entretiens managériaux à répétition...".
Le départ de Louis-Pierre Wenes, numéro 2 du groupe, "artisan des plans de suppression d'emploi et de méthodes de management par le stress", est selon le syndicat "un premier pas", et le report de la fin du gel des mobilités du 31 octobre au 31 décembre est "une autre bonne nouvelle".
Mais "cela n'est pas suffisant pour que la négociation engagée se déroule dans la sérénité", estime Sud-PTT, réaffirmant son "exigence unitaire d'un moratoire en quatre points jusqu'à la fin des négociations: arrêt des suppressions d'emploi, des mobilités forcées, des fermetures de sites et des objectifs individuels".
Inquiet de la nomination de Stéphane Richard en remplacement de M. Wenes, Sud souligne qu'il arrive "en pleine tourmente sans que soit clarifié son projet industriel et financier".
Stéphane Richard promet le "renouveau social" aux salariés
Le nouveau numéro deux de France Télécom Stéphane Richard a promis mardi dans un message envoyé aux salariés de l'opérateur qu'il mènerait avec eux "le renouveau social dont (l') entreprise a besoin" après la vague de suicides qui a touché le groupe."A l'heure où je prends mes fonctions" comme directeur général adjoint en charge des opérations France, "à la suite de drames qui nous ont tous profondément bouleversés, je veux vous dire ma détermination à m'engager sans réserve pour que nous menions à bien ensemble le renouveau social dont notre entreprise a besoin", écrit-il.
Nommé lundi, M. Richard, qui doit devenir PDG du groupe en 2011, "salue le très grand engagement au service de France Télécom" de son prédécesseur Louis-Pierre Wenes, poussé à la démission par la crise générée par les suicides de salariés (24 en 18 mois). Il affirme aussi que sa "priorité sera d'agir pour retrouver le plus rapidement possible un climat de sérénité et de dialogue, tout en consolidant (les) résultats" du groupe "et en maintenant (ses) ambitions quant à la satisfaction des clients". "Dans les prochaines semaines, et aux côtés de vos managers sur lesquels je sais pouvoir m'appuyer, je vais venir à votre rencontre et engager le dialogue avec vous", conclut-il à l'adresse des salariés.
M.Richard, ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, avait été désigné en mai comme futur PDG de France Télécom, appelé à remplacer Didier Lombard au printemps 2011, à la fin de son mandat.
Voir aussi : Mots croisés du 5 octobre : France Telecom, la Poste, entreprises en crise (à revoir en ligne)
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.