France 2 et L'Express ont publié lundi l'enregistrement secret d'une réunion de crise chez Renault le 14 février dernier
La réunion se tient dans le bureau du directeur juridique de Renault alors que le constructeur auto est au plus mal.
A ce moment là, un mois après avoir déposé plainte pour espionnage contre trois cadres de l'entreprise, Renault n'a toujours pas fourni aux enquêteurs de preuve d'espionnage ni révélé la source qui aurait conduit aux accusations.
14 février. Dominique Gevrey, un responsable de la sécurité de Renault (mis en examen et incarcéré depuis pour "escroquerie"), est convoqué par le directeur juridique de la firme au losange, Christian Husson. La rencontre se fait en présence du patron de la sécurité du constructeur, Rémi Pagnie et de l'avocat du groupe, Me Jean Reinhart.
Il s'agit d'obtenir de Gevrey qu'il lâche le nom de son mystérieux informateur et des preuves ayant conduit aux accusations d'espionnage et au licenciement des trois cadres.
Les dialogues, tels que révélés par France 2 (voir vidéo à
gauche) et l'Express ( ici) sont crus, "dignes d'Audiard".
Husson s'adresse à Gevrey: "On est là, ensemble, pour essayer de sortir une putain de solution. Pas pour t'emmerder". Gevrey évoque un informateur qui lui donne "des supertuyaux". Mais il reste désespérément vague.
L'avocat Jean Reinhart met ensuite les pieds dans le plat. "Si on regarde avec un peu de recul le dossier, tout tient en une personne qui nous a donné des renseignements extrêmement précis, extrêmement circonstanciés, au millimètre et à la virgule près.", dit-il, avant de poser la question: "Est-ce que cette personne nous a baladés ? (...) Le scénario catastrophe peut exister."
Sur le gril, Gevrey finit par lâcher qu'il n'a pas que "des rapports oraux" et qu'il dispose, "ailleurs", "à Bruxelles", d'"un rapport écrit". Et "ils ont quelle gueule, ces rapports écrits ?", demande Reinhart. "C'est un papier blanc, avec marqué 'Confidentiel' en travers, ils n'ont aucune valeur juridique. C'est pas forcément du Baudelaire, ça fait pas 30 pages", répond Gevrey.
Husson et Reinhart insistent alors pour obtenir "la matérialité" des preuves contre les trois cadres évincés. Et en particulier la preuve de leurs supposés comptes en Suisse et au Liechtenstein sur lesquels ils auraient encaissé des pots-de-vin. Ils feront chou blanc.
Husson: "Le plus important, c'est qu'on retombe sur nos pattes sur la matérialité de l'existence de ces comptes. (...) Si jamais la DCRI apprenait avant nous qu'il n'y a pas la soudure (des comptes en Suisse), là, c'est la fin des haricots pour la boîte, pour Ghosn, pour tout le monde, ça part en couilles mais grave! C'est la bombe atomique!"
Enfin, le directeur juridique évoque le scénario de la réintégration des trois cadres s'ils étaient innocentés."Tu vois bien le merdier: réhabilitation à grand spectacle avec cocktail (...) Là, ça m'arrache le cul."
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