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Eric Woerth accuse Libération de pratiquer la "tactique de l'amalgame, de l'insinuation et de la déformation des faits"

Cette attaque fait suite à un article de Libération, publié mercredi, affirmant que l'ex-ministre du Budget a autorisé en 2008 un dégrèvement fiscal de 27 millions sur l'héritage du sculpteur."Nous maintenons intégralement nos informations", a répliqué François Sergent, directeur-adjoint de la rédaction de Libération.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le ministre du Travail, Eric Woerth, à la sortie du conseil des ministres le 3 août 2010 (AFP - MARTIN BUREAU)

Cette attaque fait suite à un article de Libération, publié mercredi, affirmant que l'ex-ministre du Budget a autorisé en 2008 un dégrèvement fiscal de 27 millions sur l'héritage du sculpteur.

"Nous maintenons intégralement nos informations", a répliqué François Sergent, directeur-adjoint de la rédaction de Libération.


Eric Woerth lui, s'est défendu mercredi de toute illégalité dans la succession fiscalement compliquée du sculpteur César. "Tout a été fait dans le respect du droit fiscal" et selon les recommandations de l'administration fiscale, a assuré le cabinet du ministre du Travail.

L'exécuteur testamentaire du sculpteur, décédé en décembre 1998, est Alain-Dominique Perrin, président de la fondation Cartier pour l'art contemporain et, souligne Libération, "grand donateur de l'UMP". Ce dont ce dernier ne s'est jamais caché.

Libération reproche à Eric Woerth, dans ses anciennes fonctions de ministre du Budget et de trésorier de l'UMP, d'avoir donné un "coup de pouce" à la famille César, qui s'est soldé par un dégrèvement fiscal de 27 millions d'euros. Il a reproduit mercredi des extraits d'une lettre du 24 avril 2008, signé d'Eric Woerth.

En réponse aux démentis du ministère et d'Alain-Dominique Perrin, le site internet de " Libération", publie l'intégralité de cette lettre. Selon le quotidien, cette lettre "démontre sans ambiguïté qu'Eric Woerth a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir un dégrèvement" sur la succession. "Signer une lettre, c'est bien une intervention", souligne le journal. De plus, rappelle Libération, depuis le début de l'affaire Liliane Bettencourt, également importante donatrice de l'UMP, l'actuel ministre du Travail s'est régulièrement défendu de toute intervention en faveur d'un contribuable quand il était ministre du Budget.

L'intervention aurait eu lieu après des discussions avec Alain-Dominique Perrin. L'exécuteur testamentaire du sculpteur a réagi mercredi sur Europe 1 en affirmant que la lettre d'Eric Woerth sur la succession de l'artiste reproduite par Libération est "bidouillée" et constitue "un travail de faussaire".

La réponse du cabinet d'Eric Woerth
Dans un premier temps, le cabinet du ministre du Travail (officiellement en vacances) a assuré qu'"Eric Woerth , lorsqu'il était ministre du Budget, a strictement suivi la proposition de l'administration fiscale qui, elle-même, tirait les conséquences d'une décision de justice".

Puis, dans un deuxième communiqué, le cabinet a précisé que si Eric Woerth s'était saisi du dossier ce n'était que pour "entériner l'analyse de ses services" de l'époque et signer "un projet de courrier". Rien d'autre.

Selon les explications de l'entourage d'Eric Woerth , après le décès de César, l'administration fiscale a effectivement procédé à un redressement sur la base d'un inventaire, qui s'est révélé erroné, de l'ensemble des oeuvres de l'artiste dont 300 restaient introuvables.

Après une longue enquête et une procédure pénale entre les héritiers qui s'est soldée par un non-lieu fin 2006, seules 38 oeuvres sont aujourd'hui considérées comme réellement manquantes. L'administration fiscale a alors réduit le montant du redressement initial, ce que le ministre a accepté.

Réactions
Dans cette longue procédure, Alain-Dominique Perrin, en tant qu'exécuteur testamentaire, "était dans son rôle", a assuré l'ancien ministre socialiste de la Culture, Jack Lang, apportant son soutien à M. Woerth dans cette affaire. Sa décision dans ce dossier fiscal "était légitime", a-t-il déclaré à l'AFP. D'ailleurs, a-t-il ajouté, "ses prédécesseurs de droite comme de gauche ont été appelés à prendre des décisions semblables en toute équité".

Le député PS Michel Sapin, ancien ministre socialiste de l'Economie, a estimé de son côté qu'"il ne faudrait pas faire une affaire de chacune des décisions" d'Eric Woerth du temps où il était ministre du Budget. Quant à son collègue de parti Claude Bartolone, il a estimé que ce dernier symbolisait le "retour des copains et des coquins".

"Il est temps que cette chasse à l'homme cesse", a déclaré le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, appelant "au retour à un minimum de déontologie" de la part de Libération.

Quant au FN, il demande à Eric Woerth de "s'expliquer immédiatement et publiquement" sur cette succession.

L'affaire Bettencourt
Eric Woerth, actuellement ministre du Travail, est depuis le mois de juin au coeur d'une vive polémique liée à Liliane Bettencourt après la révélation d'enregistrements clandestins. Ceux-ci suggèrent un possible conflit d'intérêts entre ses fonctions gouvernementales et l'embauche de sa femme en 2007 par la société Clymène, gérant le patrimoine de l'héritière de L'Oréal.

Le ministre du Travail a été entendu la semaine dernière par la police dans l'affaire Bettencourt, l'héritière de L'Oréal. Il a
réaffirmé qu'il n'était en rien intervenu dans l'embauche de son épouse. Florence Woerth a démissionné fin juin de Clymène.

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