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Hollande et Sarkozy s'activent sans hâte

Alors que le candidat socialiste procède à une offensive médiatique, le chef de l'Etat veut profiter des vœux pour égréner plusieurs propositions d'ici à la fin du mois.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande et Nicolas Sarkozy visitent une usine à Egletons (Corrèze), le 28 avril 2011. (CHESNOT / SIPA)

A un peu plus de cent jours du premier tour, voilà les candidats à l'élection présidentielle dans le dangereux virage de janvier. "Je ne sais pas s'il sera décisif", dit le directeur de la communication de François Hollande, Manuel Valls, mais "c'est un mois important". Un mois où l'opinion commence à se cristalliser. Nicolas Sarkozy le sait pertinemment. En 2007, c'est à la mi-janvier qu'il était passé devant Ségolène Royal dans tous les sondages sur les intentions de vote. Aux alentours du 15 janvier 2007, il recueillait ainsi 52 % selon l'Ifop, CSA et TNS-Sofres ; le 6 mai, il remporte l'élection avec 53 % des suffrages. 

Cette fois, c'est le candidat socialiste qui emprunte le virage en tête. Et avec une avance nettement plus confortable, puisque les derniers sondages attribuent à François Hollande 56 à 58 % des intentions de vote au second tour face à Nicolas Sarkozy. Mais l'entourage du président sortant, qui ne devrait officialiser sa candidature que fin février-début mars, ne désespère pas et veut croire à une nouvelle dynamique dans les jours à venir. "Fin janvier, on doit commencer à sentir une rupture ou une inversion dans les tendances des sondages. Sinon, ce n'est pas bon signe", observe le sénateur et conseiller politique de l'UMP, Roger Karoutchi.

L'UMP présente Sarkozy en "candidat des idées" face au "candidat du vide"

Après avoir promis lors de ses vœux télévisés de "protéger" les Français "jusqu'au bout" de son mandat, le chef de l'Etat compte profiter du marathon des vœux présidentiels - aux armées le 3 janvier, à l'éducation le 5, à la santé le 10, aux fonctionnaires le 12, aux agriculteurs le 17, aux partenaires sociaux le 18... - pour préciser les grandes lignes de son projet. "Il fera des propositions fortes à l'occasion de chacun de ses vœux", promet son conseiller Franck Louvrier dans Le Figaro. Objectif : s'imposer en "candidat des idées" face à François Hollande, "le candidat du vide".

Car du côté du favori des sondages, le programme précis se fait toujours attendre. La longue "adresse aux Français" publiée par Libération mardi 3 janvier ne contenait aucune idée nouvelle, pas plus que son passage au 20 heures de France 2 le même jour. Aucune annonce forte ne devrait être faite lors des différents meetings prévus mercredi à Bordeaux, jeudi à Caen, samedi en Corrèze ou la semaine prochaine dans les Antilles. L'entourage du candidat fait savoir que le projet viendra "en temps utile", c'est-à-dire pas tout de suite. Mardi sur France 2, François Hollande a laissé entendre que cette étape interviendrait fin janvier.

François Hollande s'entretient avec des ouvriers de l'usine Placoplatre Saint-Gobain de Vaujours (Seine-Saint-Denis), le 28 novembre 2011. (FLORENT DUPUY / SIPA)
"Sur la formation, sur le pacte productif, sur le pacte énergétique, sur l'éducation, sur les retraites et sur un tas d'autres sujets, François Hollande a déjà indiqué les orientations qu'il souhaite prendre", souligne son porte-parole, le député Bernard Cazeneuve. Pour l'instant, l'idée est surtout d'aller sur le terrain et de se montrer proche des Français, tout en évitant de griller toutes les cartouches maintenant, alors que Sarkozy attend son heure. 

En ne se pressant pas, Hollande veut "prendre de la hauteur"

"François Hollande n'a toujours pas trouvé le chemin des idées", raille la ministre Nadine Morano. "C'est le candidat du vent", grince la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. "Il est un candidat sans idées, il pédale sur un vélo, mais il n'a pas de chaîne", résume, moqueur, un conseiller élyséen cité par Le Figaro. Tous oubliant peut-être que Nicolas Sarkozy n'a, lui non plus, pas encore dévoilé son programme, et que celui de l'UMP se révèle assez sommaire

La question est donc désormais de savoir combien de temps François Hollande et Nicolas Sarkozy pourront s'observer ainsi à distance, en tentant de conserver un maximum de billes dans leur besace pour la fin de partie. "Comme d'habitude, la situation va se décanter subitement, entre la mi-janvier et la mi-février, analyse un membre de l'équipe de Hollande. Nicolas Sarkozy est toujours dans la gesticulation permanente, dans l'urgence. François Hollande, lui, préfère prendre de la hauteur. Vous verrez début mai que l'adage se vérifiera : rien ne sert de courir..."

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