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Deux rapports officiels ont confirmé les effets meurtriers du gaz toxique dégagé par les algues vertes

Après une panoplie d'analyses, l'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement (Anses) et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) ont retenu comme "hautement probable" l'hypothèse d'une intoxication au sulfure d'hydrogène (H2S) pour expliquer la mort de 36 sangliers, trois ragondins et un blaireau.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Plage de Morieux: évacuation d'un sanglier mort, le 26 juillet 2011, dans une anse de la baie de Saint-Brieuc. (AFP PHOTO DAMIEN MEYER)

Après une panoplie d'analyses, l'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement (Anses) et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) ont retenu comme "hautement probable" l'hypothèse d'une intoxication au sulfure d'hydrogène (H2S) pour expliquer la mort de 36 sangliers, trois ragondins et un blaireau.

Les corps des animaux ont été retrouvés au fil des jours, en juillet et en août, sur la plage de Saint-Maurice à Morieux (Côtes-d'Armor) et dans l'estuaire du Gouessant qui y débouche.

Des mesures effectuées sur la plage ont montré que les concentrations d'émissions les plus élevées pouvaient par endroit être mortellement dangereuses - jusqu'à 3000 mg/m3, alors que le seuil létal est à 2.400 mg/m3-, selon le rapport de l' Ineris. Le rapport relativise cependant le danger pour l'homme en faisant valoir qu'il faut imaginer le cas d'une chute accidentelle suivie d'une immobilisation de plus d'une minute dans une vasière très toxique pour que le risque soit mortel.

Malgré des concentrations ponctuellement élevées dans l'air (jusqu'à 210 µg/m3), "le fait de résider à proximité de la plage ou de l'estuaire toute la saison (...) ne semble pas présenter de risque préoccupant pour la santé" des riverains, selon le rapport. Mais "il semble important, d'un point de vue environnemental, de ne pas négliger l'aspect chronique des expositions à l'hydrogène sulfuré et de maintenir l'effort pour réduire la formation des algues vertes", poursuit l'Ineris.

Pour l' Anses, "les enjeux sanitaires associés à la décomposition d'algues vertes et à la production d'H2S dans les vasières devraient également conduire à explorer les émissions gazeuses des fonds d'estuaires et des lits de certaines rivières". Le gaz toxique, qui dégage une odeur nauséabonde d'oeuf pourri, peut provoquer une irritation des yeux, du nez ou de la gorge, et, en cas d'exposition aiguë, peut entraîner perte de connaissance, coma accompagné d'oedèmes pulmonaires et décès.

Les sangliers ne sont pas les premières victimes. Un cheval qui s'était enlisé dans une vasière est mort asphyxié en juillet 2009 sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, son cavalier s'en est tiré de justesse grâce à l'intervention d'un témoin.

Par ailleurs, la justice enquête encore sur le décès d'un agent de 48 ans, mort d'un arrêt cardiaque en juillet 2009 alors qu'il conduisait un camion d'algues vertes à Binic. Sa famille a porté plainte en invoquant la présence d'H2S dans son sang. Le juge du Pôle santé publique, à Paris, a ordonné une , après avoir reçu les parents et la fille de la victime, a-t-on appris jeudi. Très remontées par l'hécatombe estivale, deux associations écologiques veulent aussi déposer plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" sur la base des conclusions de l'Ineris et de l'Anses.

"Il y a un grand risque de santé humaine", a expliqué à l'AFP André Ollivro, de l'association "Sauvegarde du Penthièvre", en appelant à une "révolution agricole" pour limiter les flux d'azote générés par l'élevage intensif, à l'origine de la prolifération des algues vertes.

Après la mort du cheval, un plan gouvernemental anti-algues vertes a été lancé sur 2010-2014, avec priorité au ramassage. Fin août, environ 53.000 m3 d'algues vertes avaient été collectées en Bretagne, soit plus de 11% qu'à la même époque l'an dernier. Parallèlement, des programmes pilote, destinés à aider les agriculteurs à limiter les effluents de nitrates, sont prévus dans huit baies bretonnes.

Vendredi, le préfet des Côtes d'Armor, où 36 sangliers ont trouvé la mort en juillet après avoir inhalé du gaz émis par des algues vertes en décomposition, a annoncé un audit des vasières du département pour éviter que le phénomène ne se renouvelle.

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