Des "travaux massifs" indispensables pour sécuriser les centrales françaises

"Beaucoup pensent que Fukushima est derrière nous, mais c'est, en fait, devant nous." Les mots ont du poids, surtout dans la bouche du directeur général de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Jean-Christophe Niel. Le "gendarme français du nucléaire" a présenté jeudi 28 juin un calendrier des "travaux massifs" obligatoires pour sécuriser les centrales françaises et faire en sorte qu'un Fukushima français n'advienne jamais.

S'appuyant sur les conclusions de son audit post-Fukushima mené en janvier, l'ASN impose notamment à EDF la création d'une "force d'action rapide" d'ici 2014. Ce dispositif d'urgence permettant d'envoyer des équipes spécialisées et du matériel sur un site en moins de 24 heures devra être capable d'intervenir sur un réacteur fin 2012 et sur tous les réacteurs d'une même centrale fin 2014.

A plus long terme, un "noyau dur", c'est-à-dire des locaux bunkérisés et des procédures renforcées adaptées à des situations de crise, doit permettre dans chaque centrale de limiter les conséquences d'un éventuel accident.

Dix milliards d'euros de facture

L'ASN a ainsi adopté 32 décisions portant sur 19 centrales exploitées par EDF, mais aussi 8 sites d'Areva (liés au combustible) et 5 sites du Commissariat à l'énergie atomique (CEA, pour le volet recherche). Pour l'ensemble des travaux, EDF a évalué la facture à environ 10 milliards d'euros.

Après l'accident de Fukushima, en mars 2011, l'ASN avait analysé le niveau de sûreté des installations françaises et en avait conclu qu'aucune centrale ne devait être fermée, mais qu'il fallait en accroître la "robustesse". Ces "travaux massifs" vont prendre plusieurs années, selon un "échéancier raisonnable", a précisé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste.

EDF a indiqué avoir "d'ores et déjà engagé un plan d'action" pour se conformer aux prescriptions de l'ASN.