Dans son rapport annuel mondial publié jeudi, Amnesty International souligne les cas de violences policières en France
Deux syndicats de police se sont déclarés jeudi "indignés" par les affirmations d'Amnesty International dans son rapport publié jeudi, selon lesquelles des violences policières ont entraîné au moins un décès en 2009 en France.
"Stigmatiser les gardiens de la paix c'est se tromper de cible", a déclaré Nicolas Comte, d'Unité police/SGP-FO.
"La police nationale est l'administration française la plus contrôlée" et celle qui "a su intégrer (des) emplois-jeunes", poursuit-il.
Synergie (second syndicat d'officiers), dans un autre communiqué, se déclare "indigné par (des) assertions caricaturales" et "s'interroge sur la motivation de ces militants qui salissent délibérément toute une profession qui défend un ordre républicain qu'ils méprisent".
L'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à Londres, déplore dans la partie France de ce rapport "des cas de mauvais traitements et d'usage excessif de la force par des responsables de l'application des lois".
Ils sont suivis, selon Amnesty, par des enquêtes qui semblent "souvent manquer d'indépendance et d'impartialité".
L'organisation évoque notamment des violences qui, "dans un cas au moins, ont entraîné la mort d'un homme, Ali Ziri, un Algérien de 69 ans, mort après son interpellation le 9 juin à Argenteuil". Amnesty International cite également les cas d'Abou Bakari Tandia, mort en janvier 2005 "des suites de blessures subies alors qu'il était en garde à vue" et d'Abdelhakim Ajimi qui, selon le rapport d'autopsie, "a succombé en mai 2008 à une asphyxie provoquée par les méthodes d'immobilisation utilisées par les policiers".
L'organisation estime qu'en France "ni les procédures disciplinaires ni les poursuites pénales contre les responsables présumés de tels actes" ne sont "conformes aux normes internationales de protection des droits humains". "Outre la lenteur de leur progression, les enquêtes sur ces allégations menées par les organes chargés de l'application des lois et par les autorités judiciaires semblaient souvent manquer d'indépendance et d'impartialité", ajoute-t-elle.
"Nous ne notons pas de progrès de la part du gouvernement sur la question des violences policières", a assuré Patrick Delouvin, l'un des responsables d'Amnesty France. "En particulier, le projet du défenseur des droits qui fait disparaître la Commission nationale de déontologie de la sécurité, très active sur ce sujet, ne nous convient absolument pas"."Nous serons attentifs à la reprise des propositions du rapporteur au Sénat".
M.Delouvin regrette également des "promesses non tenues" de la part du gouvernement, sur l'envoi de documents portant sur les enquêtes internes de la police et sur les instructions reçues par les policiers concernant les méthodes visant à maîtriser une personne lors d'une interpellation.
Dans son rapport, Amnesty s'inquiète aussi des "droits des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile" en France, où la situation se dégrade, selon M.Delouvin. "On a l'impression que le maximum est fait pour dissuader les arrivées de demandeurs d'asile en France notamment via des visas de transit aéroportuaires et le harcèlement dans le Calaisis". Patrick Delouvin s'alarme de la création annoncée de "zones d'attente mobiles qui vont réduire les droits des demandeurs d'asile en les empêchant d'avoir accès à une procédure d'asile normale".
Dans le monde...
Amnesty International a notamment enjoint aux sept pays membres du G20 qui ne l'ont pas encore fait - dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie - à reconnaître la Cour Pénale Internationale, au nom du principe selon lequel nul n'est au-dessus des lois.
L'organisation appelle aussi la Thaïlande à permettre à des observateurs internationaux d'enquêter sur la sanglante répression en mai du mouvement des "chemises rouges".
Amnesty a aussi déploré les quelque 7.000 civils tués au Sri Lanka, après avoir été pris au piège par les combats entre les troupes gouvernementales et les séparatistes tamouls.
L'Arabie saoudite a réalisé de petits progrès en matière de respect de droits de l'Homme, mais l'appareil de sécurité et le conservatisme religieux de son régime continuent à entraver un véritable changement, a encore indiqué Amnesty International.
Le rapport met aussi en avant les multiples violations des droits de l'Homme en Afrique qui illustrent "l'absence de volonté politique" de nombreux dirigeants de lutter contre l'impunité.
Amnesty considère que l'émission par la CPI d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre a été une avancée "clef" l'an dernier. Mais l'organisation critique le refus de l'Union africaine de coopérer en vue de son arrestation. Cependant, tandis que l'Afrique du Sud a indique son intention d'aider à l'arrestation de M. Béchir, Claudio Cordone dit espérer que les autres pays du continent vont suivre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.