Hollande, Sarkozy... Comment rater à coup sûr sa visite présidentielle
Paraître surpris quand on se fait interpeller, éloigner rudement les manifestants... Des faux pas peuvent venir gâcher les effets escomptés de la visite du chef d'Etat. Exemples avec Hollande et Sarkozy.
François Hollande était attendu, jeudi 8 août à Marly-le-Roi (Yvelines), pour visiter l'entreprise iXBlue. Ce déplacement s’inscrit dans la stratégie qu’il a choisie pour l’été 2013 : montrer qu’il est présent même pendant les vacances. Pourtant, les visites présidentielles sont un exercice à haut risque. La moindre perturbation peut venir gâcher les effets escomptés. La preuve avec cet anti-manuel de la visite réussie d'un chef d'Etat.
Etre pris de court quand on se fait interpeller
Le contre-exemple : Quand il est interpellé par une chômeuse lors de son déplacement à La Roche-sur-Yon (Vendée), François Hollande semble un peu pris au dépourvu. Il se garde d’interrompre son interlocutrice, mais ce bref silence nuit à sa répartie. Il a beau répondre qu’il est là pour trouver des solutions, la chômeuse n'est pas convaincue. La réponse de cette dernière, "il n'y a rien de concret", tombe comme une sentence difficile à contredire.
Ce qu’il fallait faire : François Hollande aurait dû faire preuve d'empathie. Sans solution immédiate, et tout en assumant qu'il travaillait sur le long terme, il aurait pu profiter de cette rencontre pour faire parler son interlocutrice de son expérience. Une image d'un président à l'écoute qui aurait été plus télégénique que sa réponse un peu froide. Bruno Roger-Petit, chroniqueur politique au Plus, convoque l'exemple de Barack Obama, qui s'arrange pour que chacun de ses discours soit toujours incarné par une figure humaine. "Quand le président aurait évoqué le chômage de longue durée, les drames qu'il engendre, il aurait cité cette femme, l'aurait convoquée au pupitre, lui aurait permis de dire tout haut ce qu'elle n'a pu que dire tout bas en l'interpellant au débotté", imagine-t-il.
Eloigner les chahuteurs trop rudement
Le contre-exemple : Lors de la visite de François Hollande à Dijon (Côte-d'Or), un syndicaliste tente de l’apostropher. A peine a-t-il le temps de lancer "Monsieur Hollande, elles sont où les promesses ?" que la police l'éloigne vigoureusement. La réaction semble disproportionnée et est d'autant plus néfaste qu'à l'heure des médias en continu, elle est instantanément propagée par les journalistes.
Drôle d'ambiance à Dijon. Hollande protégé par un cordon de sécurité, et au-delà des habitants qui protestent et se font museler #prdijon
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) March 11, 2013
Ce qu'il fallait faire : Le président aurait dû choisir une stratégie plus claire. "Il n'y a rien de pire que l'entre-deux. Soit il accepte la confrontation plus franchement et cela peut lui être bénéfique, soit il l'écarte complètement pour que personne ne le sache", explique Claude Posternak, président de la société de communication La Matrice, interrogé par francetv info.
Perdre la maîtrise de soi-même
Le contre-exemple : L'ex-président Nicolas Sarkozy est la preuve que sortir de ses gonds peut avoir des effets dévastateurs. Le "descend un peu le dire !" répliqué à un pêcheur breton qui l’insultait avait donné le ton en 2007. Le "casse-toi pauvre con !" rétorqué à un agriculteur en février 2008 a achevé de ternir sa réputation. "Par-dessus l'étiquette du président 'bling-bling' (...) venait d'être apposée celle du président méprisant. Sa réplique, qui a entaché sa réputation pendant tout son mandat, est entrée dans les annales", analyse Le Parisien.
Ce qu'il fallait faire : Il ne fallait pas se laisser déborder par son naturel. Nicolas Sarkozy est une personnalité qui a besoin d'affirmer son autorité. "Pour lui, il est impossible d'être nonchalant", note Claude Posternak. Mais lorsqu'un président semble perdre la main sur lui-même, la fonction présidentielle est abîmée. Les chefs d'Etat se doivent d'éviter tout relâchement. "Tout comme Nicolas Sarkozy devait se méfier de ses sautes d'humeur, François Hollande doit se méfier de sa tendance à glisser des traits d'humour qui peuvent paraître inappropriés", observe Claude Posternak.
S'autoriser une mise en scène flagrante
Le contre-exemple : Bien organiser sa sortie et huiler son plan de communication, ces choses font partie du métier des hommes politiques. Mais Nicolas Sarkozy y est peut-être allé un peu fort lors de sa visite à l’usine Faurecia, à Caligny (Orne) en 2009. La chaîne belge RTBF a révélé que les salariés sélectionnés pour apparaître aux côtés du président avaient été choisis en fonction de leur taille. Ils ne devaient pas être plus grands que Nicolas Sarkozy. Lequel s’est attiré les foudres et les railleries des Français.
Ce qu'il fallait faire : "Ce qui est grave, ce n'est pas ce qu'il a fait, c'est que ça se soit su, indique Claude Posternak. Car il est normal que le président, qui représente l'ensemble des Français, ne doive jamais apparaître en situation de faiblesse, même sur la moindre image."
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