Chômage, dépendance et fiscalité étaient avec la libération des otages les priorités du président de la République
Nicolas Sarkozy a promis une année 2011 "utile pour les Français", auxquels il présentait ses voeux dans une déclaration radio-télédiffusée et en direct sur elysee.fr (texte intégral des voeux) et Dailymotion.
Le président s'est également engagé à poursuivre les réformes dans le respect des principes républicains.
Il souhaite notamment défendre l'euro "de toutes (ses) forces" et à tenir ses engagements en matière de finances publiques
"Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne qui ont apporté la paix", a poursuivi le président
Selon lui, "l'Europe est essentielle à notre avenir, à notre identité et à nos valeurs". "L'Europe, dans la tempête, a su faire face, certes pas assez complètement et souvent pas assez rapidement, mais l'Europe a tenu et l'Europe nous a protégés", lors de la crise, a-t-il également affirmé.
Il a à ce sujet reconnu que la crise financière et économique internationale, commencée en 2008, avait pesé lourd et exacerbé le sentiment d'injustice ressenti par les salariés français.
Il a estimé que l'année 2011 s'annonçait "porteuse d'espérance" avec un retour de la croissance et les premiers fruits des réformes engagées, dont celle, fortement contestée cet automne dans la rue, du système de retraite, désormais "à l'abri" selon lui "de la faillite inéluctable qui le guettait".
"Ma conviction la plus intime pour 2011 est qu'il nous faut continuer inlassablement à renforcer nos atouts et à effacer nos points faibles en étant plus compétitifs, en formant mieux nos jeunes, en travaillant mieux, en réduisant nos dépenses publiques et nos déficits sous peine de voir notre indépendance gravement menacée", a-t-il poursuivi.
"La France tiendra donc ses engagements en équilibrant ses comptes. Je ne transigerai pas sur cet objectif", a ajouté le chef de l'Etat, dont le gouvernement a engagé le pays dans une cure d'austérité.
Jurés populaires et loi anti-burqa
Nicolas Sarkozy, dont nul ne doute qu'il sera candidat à sa succession en 2012, a fait valoir que la France ne pouvait pas se payer le luxe d'une "année d'immobilisme pré-électoral".
"Nous allons donc continuer à réformer parce que c'est la seule façon de préserver notre modèle et notre identité" et "la seule façon de protéger la France et les Français", a-t-il dit - un mot, "protéger", qu'il a prononcé à cinq reprises.
Il a rappelé sa promesse d'engager en 2011 la création d'une branche de la Sécurité sociale pour aider les personnes âgées dépendantes et l'harmonisation des fiscalités française et allemande pour "protéger (les Français) des délocalisation" et de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels pour renforcer la lutte contre la délinquance.
Il a également promis de travailler "sans relâche" avec le Premier ministre François Fillon, en qui il a redit avoir toute confiance, au service d'un retour de la prospérité française et de la création d'emplois.
"Je ferai mon devoir en écoutant, en dialoguant mais, lorsque le moment sera venu, en prenant les décisions qui s'imposent dans un esprit de vérité et de justice", a-t-il souligné, en faisant notamment allusion au bras de fer de cet automne avec les syndicats sur la réforme des retraites.
Il a aussi promis de respecter les principes républicains que sont la laïcité et le refus du communautarisme. La loi interdisant le port du voile intégral, ou burqa, sera ainsi appliquée "dans l'esprit comme dans la lettre", a insisté Nicolas Sarkozy.
Enfin, en cette année de présidence française du G8 (le groupe des principaux pays industrialisés) et le G20 (qui réunit les principales puissances économiques de la planète), il a réaffirmé que la France défendrait l'idée d'un monde "plus régulé" et "moins brutal".
La France mobilisée jusqu'à la libération de ses otages
Le président Nicolas Sarkozy a ensuite affirmé que la France continuerait à se mobiliser "jusqu'au jour de la libération" de tous ses otages à l'étranger, vendredi en présentant ses voeux aux Français pour 2011, retransmis en direct sur Dailymotion et sur elysee.fr.
De la même façon, le chef de l'Etat a dit avoir "une pensée particulière" pour "nos soldats qui passent cette fin d'année loin de leur famille en risquant leur vie pour défendre nos valeurs et notre liberté".
Huit Français sont actuellement détenus dans le monde, cinq au Sahel, deux en Afghanistan et un en Somalie. Parmi les soldats français déployés à l'étranger, quelque 3.750 le sont en Afghanistan où 52 d'entre eux ont trouvé la mort.
Réactions
Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a dénoncé vendredi le "manque de respect" de Nicolas Sarkozy envers les Français. A ses yeux, en parlant de sécurité, de burqa ou d'absentéisme à l'école, "Nicolas Sarkozy a des voeux en 2011 identiques à ceux qu'il avait en 2010". "Rien ne change à sa politique qui est tout entière tournée vers ses clientèles électorales", a-t-il attaqué.
Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, avait présenté ses voeux aux Français un peu plus tôt dans la journée, appelant, dans une vidéo sur internet, à "reconstruire une France forte, confiante et juste" en 2011.
Pour Benoît Hamon, l'année 2010 se termine comme elle a commencé" sur une hausse du chômage, une croissance "revue à la baisse" et "des sacrifices supplémentaires" demandés aux Français.
Il a cité le manque de respect des "aspirations" des Français qui étaient majoritairement opposés à la réforme des retraites mais qui a finalement été adoptée, de leur "intelligence quand le gouvernement s'est entêté à mener une politique où se sont mélangés intérêts privé et général", et de leurs "efforts" à travailler ou chercher du travail.
"Un exercice convenu" selon le MoDem. La vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, a jugé vendredi soir que les voeux aux Français adressés vendredi soir par Nicolas Sarkozy constituaient un "exercice convenu, classique, où il y a tellement peu de spontanéité. C'est un exercice à revoir (...). Ce sont des discours, ce sont des mots, il n'y a rien de nouveau", a déploré Mme de Sarnez sur France Inter.
"La seule chose importante ce sont les Français. (...) Il faut renouer avec un idéal, un mot que j'aurais aimé entendre ce soir", a encore commenté la responsable du parti de François Bayrou.
Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a quant à lui estimé vendredi soir que les voeux de Nicolas Sarkozy aux Français illustraient le "règne de l'impuissance".
"M. Sarkozy, lors de l'exercice habituel des voeux officiels, s'est borné à constater ce que les Français savent tous: la crise fait des ravages!", écrit le patron du FN dans un communiqué.
"Mais contrairement à ce qu'il affirme, cette crise n'est pas finie, le système des retraites n'est pas sauvé, le service minimum n'a jamais fonctionné correctement, l'Europe n'a pas limité la crise, bien au contraire, puisque l'euro n'a fait que l'accentuer!", poursuit-il. "Son verbiage ne trompera personne, sauf peut-être quelques incorrigibles naïfs", conclut-il.
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