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Charles Pasqua a fait jeudi des "révélations" dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola

"J'affirme que les plus hautes autorités de l'Etat étaient informées": voilà en substance, le message de Charles Pasqua.Lisant des notes, l'ancien ministre de l'Intérieur a détaillé les documents attestant, selon lui, que "d'éminentes personnalités" étaient au courant de la vente d'armes à l'Agola notamment Jacques Chirac et Dominique de Villepin.
Article rédigé par France2.fr
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Charles Pasqua durant sa conférence de presse, le 12/11/2009 (France2)

"J'affirme que les plus hautes autorités de l'Etat étaient informées": voilà en substance, le message de Charles Pasqua.

Lisant des notes, l'ancien ministre de l'Intérieur a détaillé les documents attestant, selon lui, que "d'éminentes personnalités" étaient au courant de la vente d'armes à l'Agola notamment Jacques Chirac et Dominique de Villepin.

"Tous deux ont manqué à leurs devoirs", a-t-il ajouté en regrettant qu'aucun d'entre eux n'ait été interrogé. Il a particulièrement visé Jacques Chirac qui, selon lui, n'a rien fait pour arrêter le flux des exportations d'armes, ce qui aurait dû selon lui être le cas si ce commerce était illégal: "Je l'accuse de ne pas avoir assumé ses responsabilités".

Autre personnalité mise en cause, l'ancien ministre de la Défense Charles Millon qui lui aussi était au courant des ventes d'armes à l'Angola en 1995 a soutenu M. Pasqua.

"Dans toute cette affaire, ce que je regrette", a déclaré M. Pasqua, "c'est que Jacques Chirac et Dominique de Villepin n'aient pas assumé leur responsabilités et qu'ils aient manqué à leurs devoirs".

Pour appuyer ces dires, M. Pasqua a de nouveau évoqué la note de la DGSE de 1995 relative à ces ventes d'armes et citée dans la procédure. Il a affirmé que cette note avait été adressée à "treize destinataires" dans les hautes sphères de l'Etat, appartenant à la présidence de la République et aux ministères des Affaires étrangères et de la Défense.

Charles Pasqua contre-attaque...
Profitant de la conférence de presse, M. Pasqua a annoncé qu'il avait porté plainte ce jeudi contre le juge d'instruction Philippe Courroye chargé de l'Angolagate pour avoir dirigé "une instruction uniquement conduite à charge" et uniquement à charge.

"En 1995, Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Charles Millon (..) étaient informés des ventes d'armes vers l'Angola", a réaffirmé l'ancien ministre de l'Intérieur. En tout logique, on peut donc s'interroger sur les raisons pour lesquelles les autorités n'ont rien fait pour arrêter ces opérations a irnonisé M. Pasqua.

"Aucune de ces personnalités n'a été entendue par le magistrat instructeur (....), aucun ne s'est opposé à ces opérations alors qu'ils étaient informés", a-t-il ajouté. "Comment, puisque la justice a estimé que ces ventes d'armes sont illégales, ces autorités n'ont rien fait pour arrêter ces opérations et ne sont-elles pas poursuivies pour complicité? ", a-t-il encore dit.

Usant de tous les leviers pour tenter d'impliquer d'autres acteurs de cette affaire dans les mailles de la jutice, M. Pasqua a souhaité que le président Nicolas Sarkozy "ne s'oppose pas à la levée du secret défense" dans les affaires de ventes d'armes "mais qu'il la facilite" et a fait part de son intention de lancer une pétition auprès des parlementaires pour obtenir la levée du secret-défense dans toutes les affaires de ventes d'armes depuis 2002.

Il veut également la constitution d'une commission parlementaire "qui pourrait être présidée par le président de la Cour des comptes", actuellement Philippe Séguin.

... mais l'étau se resserre
Charles Pasqua a été condamné le 27 octobre pour trafic d'influence à trois ans de prison dont un ferme et 100.000 euros d'amende, une sanction entrainant une inéligibilité automatique de dix ans. L'appel qu'il a déposé suspend la sanction. Il bénéficie par ailleurs pour l'instant de son immunité de sénateur.

C'est la première fois qu'est prononcée une peine de prison ferme contre lui, mais d'autres affaires l'attendent. En avril, il sera jugé devant la Cour de justice de la République (CJR) pour corruption dans trois dossiers remontant aux années 1990, et il encourra jusqu'à dix ans de prison.

Les dossiers visent un pot-de-vin de 790.000 euros versé par Alstom en 1994 en échange de l'autorisation administrative de déplacer son siège, d'autres paiements liés à une autorisation pour un casino à Annemasse (Savoie) et de la Sofremi, une société publique exportant des armes.

Une figure politique historique
Ancien résistant, devenu représentant de commerce, Charles Pasqua fut aussi l'homme de l'ombre du parti gaulliste avec sa place au Service d'action civique (SAC), sorte de milice dissoute dans les années 80 puis l'homme de confiance de Jacques Chirac dans les années 1970-1980 avant de s'en éloigner et de créer son parti.

Ministre de l'Intérieur de 1986 à 1988 puis de 1993 à 1995, M. Pasqua a été élu à la haute assemblée en 2004 avec l'appui de l'UMP, juste après avoir laissé le contrôle du conseil général des Hauts-de-Seine à Nicolas Sarkozy.

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