Au 5e jour de son procès, Bissonnet a évoqué vendredi devant la cour d'assises de l'Hérault sa vie avec son épouse
Evoquant une "vie de rêve", il a dénoncé de "fausses" accusations ayant conduit à sa mise en cause.
Jean-Michel Bissonnet est soupçonné d'avoir commandité le meurtre de Bernadette en mars 2008 dans leur villa près de Montpellier. L'homme d'entretien, Méziane Belkacem, a avoué le crime, mais dit avoir agi sur ordre de son patron contre 30.000 euros.
Troisième protagoniste, le vicomte Amaury d'Harcourt, qui a reconnu avoir fait disparaître l'arme du crime et qui comparaît libre. Lui aussi accuse Jean-Michel Bissonnet d'avoir été l'instigateur du crime, ce que ce dernier nie farouchement.
Bernadette Bissonnet, 57 ans, tuée de deux coups de fusil, avait été découverte par son mari au retour de celui-ci d'une réunion au Rotary Club.
Soutenu par ses deux fils et son beau-père, qui croient en l'innocence de l'accusé et étaient de nouveau présents à la reprise du procès lundi, Jean-Michel Bissonnet, 63 ans, a décidé de se porter partie civile.
Bissonnet évoque son épouse vendredi
Pour Jean-Michel Bissonnet, la rencontre avec Bernadette s'était traduite par "un coup de foudre extraordinaire". "Elle m'a donné des enfants formidables, elle nous a donné tout l'amour qu'elle pouvait, on avait une vie de rêve", a-t-il assuré vendredi, balayant toute thèse selon laquelle le couple battait de l'aile.
Revenant sur le jour des faits, il a confirmé avoir découvert le corps à son retour d'une réunion au Rotary. "La porte était ouverte, je suis tombé sur le corps de Bernadette, vous savez, personne ne peut s'imaginer ce que c'est", a-t-il raconté à la cour. "Elle avait la figure pleine de sang, la bouche ouverte, elle avait un trou là", dit-il, en montrant le thorax. "Toute ma vie il me restera cette vision d'horreur."
L'évocation de sa femme lui tire des sanglots. "On partageait tout", dit-il, assurant qu'il avait "un besoin physique, charnel" de sa femme, "besoin de sa présence, de la toucher". Il dit avoir eu "envie de se foutre en l'air" après le meurtre, dénonçant aussi son incarcération, basée selon lui "sur des accusations fausses, sur une enquête négligée, partiale".
Un récit méthodique, dans la chronologie et les détails
Sur Méziane Belkacem, Jean-Michel Bissonnet assure que le 11 mars, jour du meurtre, l'homme d'entretien lui avait fait part de son désir d'acheter une voiture. "Il m'a demandé si je pouvais lui prêter de l'argent, j'ai refusé, il m'a dit: 'Vous pourriez faire un effort'." Cette demande d'argent, Belkacem la réitèrera un peu plus tard, en même temps que celle d'une augmentation, assure l'époux de la victime. "Avec Bernadette, ça nous a pas plu", témoigne-t-il. "J'ai pris mon téléphone, j'ai dit: 'Je l'efface, on n'en parle plus'."
Concernant d'Harcourt, Bissonnet le dépeint presque comme "un père spirituel". Selon lui, le vicomte avait demandé en 2007 quelque 15.000 euros, "parce qu'il avait des coupes de bois qui se vendaient mal". "Je lui ai fait un virement, je lui ai demandé plusieurs fois de me rembourser", assure-t-il. Le vicomte, en février 2008, lui aurait redemandé 30.000 euros. Refus de Jean-Michel Bissonnet . "Je lui ai dit: 'Amaury écoute, tu m'as déjà pas remboursé l'an dernier'."
Jeudi soir, un des avocats de Jean-Michel Bissonnet, Me Frédéric Verine, avait pointé les problèmes d'argent de Belkacem et d'Harcourt, disant: "On ne voit pas pourquoi ils n'auraient pas monté une crapulerie qui aurait mal tourné."
Second round judiciaire
L'affaire avait connu un rebondissement lors d'une première ouverture de l'audience en octobre. La cour avait alors renvoyé l'audience car il était apparu que Jean-Michel Bissonnet avait tenté, durant sa détention, de suborner un témoin afin de faire croire qu'il était étranger à l'affaire et que c'était le vicomte Amaury d'Harcourt, son complice présumé, le vrai responsable.
Jean-Michel Bissonnet a reconnu cette tentative de subornation tout en maintenant qu'il était innocent. Il y a perdu le concours de ses premiers avocats provoquant de fait l'interruption du procès le 1er octobre 2010.
A la reprise du procès, le 10 janvier à Montpellier, trois nouveaux défenseurs se sont présentés pour ce second round judiciaire, l'ancien président de la Ligue des droits de l'homme Henri Leclerc, Nathalie Sényk et Frédéric Vérine. Ce dernier a qualifié de "combattif" son client, "accusé à tort du meurtre de sa femme".
Le procès doit durer quatre semaines.
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