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Alors que les 12 raffineries du pays sont à l'arrêt, le ministre de l'Ecologie réclame le retour à l'approvisionnement

Invité de France 2, Jean-Louis Borloo a souligné que la situation posait "un problème de logistique tout à fait majeur" pour assurer l'approvisionnement des stations-service affectées par la pénurie de carburants qui touche le pays, ajoutant : "il y a de vraies difficultés dans 7 départements", où une pompe sur deux environ est approvisionnée.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo lors d'une conférence de presse à Paris le 23/10/10 (AFP - Bertrand GUAY)

Invité de France 2, Jean-Louis Borloo a souligné que la situation posait "un problème de logistique tout à fait majeur" pour assurer l'approvisionnement des stations-service affectées par la pénurie de carburants qui touche le pays, ajoutant : "il y a de vraies difficultés dans 7 départements", où une pompe sur deux environ est approvisionnée.

Faisant le point de la situation sur ce front, M. Borloo a par ailleurs affirmé que "sur 90% des départements français", on était samedi soir "à 80% d'alimentation normale".

"On va continuer à assister à une lente amélioration mais pas homogène partout", a-t-il estimé, refusant une nouvelle fois d'avancer une date de retour à la normale pour l'ensemble du réseau.

Raffinerie de Grandpuits: nouvel arrêté de réquisition du préfet
Le ministère de l'Intérieur a confirmé samedi que le préfet de Seine-et-Marne avait "pris un nouvel arrêté de réquisition" de la raffinerie Total de Grandpuits, après la suspension administrative de son premier arrêté, qui avait entraîné le déblocage du dépôt par les gendarmes vendredi.

Ce nouvel arrêté "a pris en compte la décision du tribunal administratif de (vendredi) soir", souligne l'Intérieur et s'est "cantonné à une réquisition du personnel strictement nécessaire". "Les rotations de camions se déroulent donc à nouveau normalement", souligne-t-on Place Beauvau.

Le site est à l'arrêt en raison de la grève contre la réforme des retraites. Les 12 raffineries françaises sont en grève et les six du groupe Total à l'arrêt.

Saisi en référé par l'intersyndicale, le tribunal administratif de Melun avait suspendu jeudi dans la soirée un premier arrêté préfectoral de réquisition des salariés grévistes de Grandpuits, jugeant que cet arrêté avait "porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève et que son exécution à ce titre doit être suspendue".

Le juge administratif reprochait au préfet d'avoir réquisitionné "la quasi-totalité du personnel de la raffinerie", ce qui "a eu pour effet d'instaurer un service normal" au sein de l'entreprise. Toutefois, il avait estimé que "cette décision ne fait pas obstacle à ce que le préfet puisse, le cas échéant, faire usage" de ses pouvoirs, dans les limites prévues par la loi.

Après le deuxième avis de réquisition du préfet, Franck Manchon, délégué CGT de la raffinerie Total, a promis un nouveau référé lundi devant le tribunal administratif de Melun.

Vendredi matin, sur ordre du gouvernement, les gendarmes mobiles sont intervenus par la force pour débloquer l'accès au dépôt de carburant de la raffinerie Grandpuits de Total. Après l'intervention musclée des forces de l'ordre, les salariés grévistes réquisitionnés sont entrés dans l'usine pour assurer l'approvisionnement en carburant. Grandpuits alimente 70% du bassin parisien.

La grève lancée le 12 octobre à la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) a quant à elle été reconduite en assemblée générale jusqu'au vendredi 29 octobre, a annoncé vendredi la CGT, qui promet aussi des actions symboliques en réponse au déblocage de la raffinerie de Grandpuits.

La CGT dénonce une entrave au droit de grève
Le coordinateur CGT du groupe Total, Charles Foulard, a dénoncé vendredi une "entrave au droit de grève", après la réquisition de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) qui, selon lui, va créer un "électrochoc". "Ce qui vient de se passer à la raffinerie de Grandpuits avec cette entrave à l'exercice du droit de grève va sans nul doute créer un électrochoc et notamment dans l'industrie", a déclaré le dirigeant syndical sur Europe 1.

"Comment peut-on accepter dans un pays des droits de l'Homme d'entraver les salariés" en les empêchant "d'exercer le droit constitutionnel, le droit de grève ? Nous sommes une entreprise de droit privé, c'est une première."

Il a aussi dénoncé une "charge scandaleuse" lors de l'intervention des gendarmes. "Les collègues blessés, un syndicaliste et deux salariés, ont reçu des coups de pied". Selon l'AFP, les forces de l'ordre, agissant à mains nues, ont poussé les manifestants pour dégager le portail de la raffinerie, et c'est au cours de cette bousculade que les personnes ont été légèrement blessées.

Les salariés de Donges déboutés
Le tribunal administratif de Nantes a rejeté vendredi soir le recours en référé déposé notamment par quatre salariés du dépôt de carburant de Donges contestant leur réquisition par le préfet qui, selon eux, portait atteinte au droit de grève.

Les salariés, ainsi que la CFDT faisaient valoir que les arrêtés préfectoraux étaient "entâchés d'erreur", que la réquisition de quatre salariés grévistes "pour asssurer le chargement de nombreux camions en matières dangereuses se heurte au principe de sécurité" et que "l'état de pénurie reste à prouver".

Les juges ont notamment estimé que "la seule réquisition de quatre salariés (...) vise à éviter des conséquences graves dans l'approvisionnement énergétique du pays". Il a ajouté que "les autorités préfectorales ont été très brutalement confrontés" à la pénurie "en raison du comportement des consommateurs".

"Plus de 250 camions sont sortis du dépôt de Donges ce jour" (vendredi), a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique assurant qu'"environ 40% des stations" étaient actuellement approvisionnées dans le département.

La grève lancée le 13 octobre à la raffinerie de Feyzin (Rhône), près de Lyon, a été reconduite vendredi "sans date butoir" lors d'une assemblée générale, a-t-on appris de source syndicale.

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