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Abstention : le faux problème des vacances scolaires

En 2012, le premier tour de la présidentielle aura lieu pendant les congés des trois zones. Mais cette configuration, qui n'est pas inédite, n'est pas synonyme d'une participation particulièrement faible.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
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François Hollande, le 18 juillet 2011, à Nice (Alpes-Maritimes). (JEAN-PIERRE AMET / REUTERS)

A chaque année d'élection présidentielle, la même rengaine : "Mais pourquoi ont-ils donc fixé la date en plein milieu des vacances ?" En 2012, les trois zones seront en congés scolaires le 22 avril, jour du premier tour, et la reprise de la zone B (académies d'Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen, Strasbourg) aura lieu le 7 mai, au lendemain du second tour. A moins que certains ne fassent durer le week-end à la faveur du pont du mardi 8 mai... A cause de ces congés, les politiques craignent une abstention massive.

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• Une situation similaire en 1995

Le cas de figure de 2012 n'est pas inédit. En 1995, l'élection présidentielle s'était tenue les dimanches 23 avril et 7 mai. Les vacances scolaires étaient fixées exactement comme cette année, et le 8 mai permettait un week-end de trois jours. Lors de ce scrutin, l'abstention (21,62% au premier tour, 20,34% au second) fut sensiblement plus élevée qu'en 1981 et 1988, années pour lesquelles les congés n'interféraient pas.

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Voilà qui pourrait accréditer l'idée que les vacances sont génératrices d'abstention. Mais la très faible participation enregistrée en 2002 bat en brèche cette thèse. Cette année-là, le taux d'abstention au premier tour s'est élevé au niveau record de 28,4%, alors que deux zones seulement étaient en vacances le 21 avril, contre trois en 1995.

Quant à 2007, deux zones étaient également en congés à la date du premier tour, ce qui n'a pas empêché les électeurs de se déplacer massivement aux urnes, le taux d'abstention (16,23%) se situant parmi plus faibles de la Ve République. Preuve que les raisons du non-vote ne sont pas à chercher du côté du calendrier scolaire.

• Aurait-on pu fixer le scrutin à une autre date ?

L'article 7 de la Constitution encadre strictement la date du scrutin : "L'élection du nouveau président a lieu vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus avant l'expiration des pouvoirs du président en exercice." Le mandat de Nicolas Sarkozy prenant fin le 15 mai, la date du premier tour devait obligatoirement être fixée entre le 10 et le 25 avril. Dans cet intervalle figurent deux dimanches : le 15 ou le 22 avril. Choisir le premier n'aurait rien changé au "problème", car les zones A et C auraient été en vacances. Et le deuxième tour, qui se tient obligatoirement quatorze jours après le premier, serait tombé le 29 avril, juste avant le pont du 1er mai.

• Pourquoi vote-t-on au printemps ?

La première élection présidentielle au suffrage universel direct, en 1965, a eu lieu au mois de décembre. Il aurait dû en être de même pour les élections suivantes. Sauf qu'en 1969, le général de Gaulle démissionna un 28 avril, entraînant l'organisation d'un scrutin en juin. En 1974, le président Georges Pompidou meurt le 2 avril. Une élection s'est donc tenue au mois de mai. Depuis, aucun mandat de président n'a été écourté, ce qui aurait décalé le rendez-vous électoral. Seule solution pour les inconditionnels des vacances de Pâques : la procuration.

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