Vampires, films indés et féminisme : la jolie destinée de Kristen Stewart, la star de Cannes 2016
L'actrice américaine, à l'affiche de deux films à Cannes, est incontestablement la personnalité qui a marqué la Croisette cette année. Francetv info dresse son portrait.
Deux films en compétition, une vie sentimentale qui défraie la chronique, un look glam-rock sur le tapis rouge… Kristen Stewart est définitivement LA personnalité qui a marqué l'édition 2016 du festival de Cannes. Côté cinéma autant que côté people.
A 26 ans, l'actrice américaine n'en est pourtant pas à sa première virée sur la Croisette. Elle s'était déjà distinguée en 2012 avec Sur la route de Walter Salles, et en 2014 avec son rôle remarqué dans Sils Maria d'Olivier Assayas. Elle y interprétait l'assistante d'une actrice sur le déclin, Juliette Binoche, prestation qui lui a valu un César (celui du meilleur second rôle féminin), une première pour une Américaine (hors César d'honneur).
Cette année, Kristen Stewart, dont l'ascension est aussi vertigineuse que la hauteur de ses talons – sur lesquels elle n'a toutefois pas l'air très à l'aise –, a décroché le premier rôle dans le dernier Olivier Assayas (encore !), Personal Shopper. Elle y incarne une Américaine exilée à Paris en quête d'un signe de son frère jumeau mort brutalement, et contrainte de s'occuper de la garde-robe d'une célébrité pour payer la location de son studio. Le visage inquiétant et blême de l'actrice, qui apparaît dans tous les plans du film, crève l'écran.
Enfant star hyperactive
Dans un autre registre, l'ex-héroïne de Twilight, la saga de vampires inspirée des livres de Stephenie Meyer, tient le haut de l'affiche dans le dernier Woody Allen, Café Society, une comédie romantique dans le Hollywood des années 30 présentée en ouverture du festival. Comme elle l'explique au Monde, qui lui consacre un long portrait, Kirsten Stewart n'a pas hésité à demander à Olivier Assayas de retarder son tournage afin de pouvoir jouer le rôle de Vonnie dans Café Society : "Pour le film de Woody, il fallait que je sois pétillante et jolie, que j’aie l’air en pleine santé, et je savais que si je tournais Personal Shopper d’abord, je finirais vidée."
Du haut de ses 26 ans, la comédienne n'hésite pas à faire valoir ses exigences, et sait où elle va. Un professionnalisme et une maturité qui s'expliquent par sa (déjà) longue filmographie. Cette native de Los Angeles, fille d’un producteur-régisseur et d’une scripte-scénariste, évolue depuis l'âge de 10 ans sur les plateaux de cinéma. En 2002, elle tourne dans Panic Room, avec Jodie Foster, dont elle incarne la fille diabétique. Dans sa propre famille, elle est la seule fille d'une fratrie de quatre enfants. Son hyperactivité et sa célébrité montante lui font quitter les bancs de l'école à 13 ans pour poursuivre sa scolarité par correspondance.
Celle qui avait du mal à trouver ses mots enfant ne les mâche plus aujourd'hui. "Il n’y a rien de plus gratifiant que d’être compris", explique-t-elle à Libération. Son franc-parler détonne dans l'univers d'Hollywood, dont elle maîtrise parfaitement les codes. Ainsi, elle n'a pas tu dans la presse les hésitations qu'elle avait eues à tourner avec le vénéré Woody Allen. En cause, notamment, les allégations d'abus sexuels commis sur sa fille, Dylan Farrow. Kristen Stewart, elle-même vilipendée sur sa vie privée à une époque, a fait la part des choses et ne le regrette pas.
"Patient zéro des célébrités d'internet"
La saga Twilight, qui a vraiment fait décoller sa carrière, est aussi celle qui a failli la détruire. Dans les cinq blockbusters, la brune aux yeux verts est Bella Swan, une ado amoureuse d'un vampire, incarné par Robert Pattinson. Pendant quatre ans, les deux acteurs ont savamment entretenu le doute sur leur éventuelle liaison, pour cultiver le mystère auprès des fans. La "vérité" a finalement éclaté au grand jour lorsque Kristen Stewart a été prise en photo en train d'embrasser Rupert Sanders, le réalisateur marié avec lequel elle a tourné le film Blanche-Neige et le Chasseur.
Mortifiée, l'actrice a dû présenter des excuses publiques, officialisant sa liaison avec Robert Pattinson. Le couple s'est séparé juste après. Kristen Stewart "était le patient zéro des célébrités d'internet", analyse le magazine Variety (en anglais), évoquant la couverture presque en temps réel des frasques de la jeune première par le site people TMZ. Sa mère à l'écran, Jodie Foster, a volé au secours de la jeune femme. Elle-même confrontée à une célébrité précoce, la star du Silence des agneaux lui a conseillé de ne "pas prêter attention à tout ce tapage médiatique".
Kristen Stewart, qui se réfère à cet épisode comme au "scandale", s'est affranchie de l'univers hollywoodien à cette occasion, et s'est offert une diète médiatique de deux ans, sans arrêter de tourner pour autant. "Je suis descendue de cette vague géante et je me suis dit que j’allais me mettre un peu à l’abri. Que je reviendrais plus tard", confie-t-elle dans Vanity Fair en 2014.
"Fuck", "dude" et petites amies
Kristen Stewart la rebelle se tourne naturellement vers le cinéma d'auteur, dans lequel elle a déjà fait plusieurs incursions entre deux Twilight. En 2008, elle avait fait un bref, mais très remarqué, passage dans le road-movie de Sean Penn Into the Wild. En 2010, elle incarne une des membres du groupe de rock The Runaways, dans le film du même nom de Floria Sigismondi. Puis vient la rencontre avec Olivier Assayas. "Honnêtement, j'ai été stupéfait. Elle joue avec une intelligence et une précision diaboliques", salue le réalisateur dans les colonnes du Monde. Kristen Stewart évolue avec aisance dans le cinéma français. "J'aime le fait que les gens n'y soient pas obsédés par le fait de gagner de l'argent ou d'être populaires. Ils ont juste envie de raconter des histoires", détaille-t-elle à l'agence Reuters.
Encensée par la critique, l'actrice au physique magnétique poursuit sur sa lancée avec le film The Guard, dans lequel elle interprète une soldate de la base de Guantanamo qui se lie d'amitié avec un détenu musulman. Kristen Stewart a beau être estampillée "films indés", elle ne tourne pas définitivement le dos aux blockbusters. "Je suis une enfant de la Vallée [de San Fernando]", sourit l'égérie Chanel, qui agrémente toutes ses phrases, aussi spirituelles soient-elles, par des "fuck" et des "dude".
J'aime les grands films que tout le monde voit et je ne peux pas louper ces putains d'opportunités !
L'image de l'héroïne romantique et coincée de Twilight semble désormais bien loin, même si Kristen Stewart n'a jamais méprisé son personnage ni cette série. Sur le plan médiatique, sa vie privée n'est pas beaucoup moins épiée qu'à l'époque des vampires. Mais la désormais blonde péroxydée aux yeux charbonneux ne cache plus sa vie amoureuse. Tout en restant discrète, elle s'affiche maintenant avec ses petites amies du moment, sans faire de coming-out public pour autant. Un entre-deux volontaire, qui reflète, selon l'actrice, une époque où l'on peut aimer sans étiquettes. Sans vouloir être exemplaire, elle justifie cette transparence dans Variety par le souci d'envoyer un signal aux jeunes qui se cherchent en matière de sexualité.
Sa récente rupture avec la chanteuse et actrice française Soko a évidemment été abondamment relayée dans la presse people et sur les réseaux sociaux. D'autant que Kristen Stewart l'a immédiatement remplacée sur le tapis rouge de Cannes par son ancienne compagne et assistante, Alicia Cargile. Les deux femmes sont rentrées main dans la main à Los Angeles.
"On parle des femmes comme du sexe faible. C'est fou !"
Prochaine étape pour la jeune frondeuse d'Hollywood : la réalisation. Kristen Stewart vient de tourner un court-métrage, qui trouvera sa place dans un projet de douze films réalisés par des femmes. Un choix guère étonnant pour celle qui s'était désolée, en février 2015, que les femmes ne soient pas plus féministes : "Elles pensent qu'elles renvoient une image trop vindicative, agressive. Beaucoup de filles ne veulent pas être comme ça. Elles ne comprennent pas qu'il n'y a pas un comportement spécifique à adopter pour s'engager."
"On parle des femmes comme du "sexe faible'. C'est fou. On doit se battre contre ça, et se préparer à ce que les choses soient difficiles et sérieuses", avait déjà plaidé Kristen Stewart dans Stylist, en février 2014.
L'ambition des femmes n'est pas la même que celle des hommes. Les hommes cherchent à laisser leur empreinte sur le monde pour que l'on se souvienne d'eux. Les femmes, elles, sont plutôt comblées lorsqu'elles font des choses désintéressées. Mais la difficulté est de trouver ce pour quoi on est fait, et de foncer. Si notre objectif manque de sens, on reste simplement assis et on meurt.
Un message qu'elle a encore fait passer en août 2015, dans une interview parodique tournée avec Jesse Eisenberg, et vue par des dizaines de milliers d'internautes. Objectif : dénoncer les questions idiotes et sexistes de certains journalistes. Conclusion de Jesse Eisenberg à la fin de la vidéo : "Maintenant je comprends ce que c'est que d'être une femme." Savoureux !
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