Nuri Bilge Ceylan : "Nous sommes tous, sans exception, des êtres incomplets"

Il aurait très bien pu repartir de Cannes avec une deuxième Palme d'or. Avec Le poirier sauvage, le cinéaste turc, Nuri Bilge Ceylan atteint des sommets de maîtrise. Plus il creuse ses personnages, moins il les juge et raconte autant l'intime que l'époque.

Le poirier sauvage raconte l'histoire de Sinan. Le jeune homme a fini ses études, se rêve écrivain, revient dans son village où sa frustration devient le thème du film, face à un père professeur qui dilapide son argent au jeu. Les plans lents sont aussi simples que beaux, les longues scènes abordent avec finesse tous les sujets, de la montée de l'islam en Turquie au désarroi de la jeunesse, jusqu'à la possible réconciliation père-fils. On pense une fois de plus au théâtre de Tchekhov. Mais même s'il n'y avait pas eu Tchekhov, Nuri Bilge Ceylan affirme qu'il aurait fait la même chose.

Je ne suis pas quelqu’un qui accuse les gens. Tout au contraire.

Nuri Bilge Ceylan

à franceinfo

"C’est peut être la raison pour laquelle Tchekhov est mon écrivain préféré, explique le cinéaste. A chaque fois que nous inventons un bouc-émissaire, nous coupons la voie à tout nouvel apprentissage. Nous sommes tous, sans exception, des êtres incomplets". 

Le réalisateur ose même des images oniriques. Sous un poirier sauvage des fourmis courent sur le visage d'un bébé, entre réalisme et métaphores. Ce film est un chef d'oeuvre.