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L'étoile de Cannes (11/14). "Burning", brûlante lutte des classes

Le cinéma asiatique est en force cette année à Cannes. Le Sud-Coréen Lee Chang-Dong signe avec "Burning" un thriller glaçant.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Burning" de Lee Chang-Dong (DIAPHANA DISTRIBUTION)

Le film Burning est l'un les plus surprenants de la course à la Palme d'or à Cannes. Un film qui met un certain temps à se dévoiler comme thriller. Et Lee Chang-Dong aime prendre son temps : son film dure deux heures et demi. C'est en étirant les scènes, en laissant le spectateur sans réponse, qu'il installe un malaise qui va aller jusqu'à une apothéose finale de haut vol.

L'étoile de Cannes (11/14). "Burning", brûlante lutte des classes

On est à Séoul, en Corée du Sud, où, dans la réalité, il est rare que des personnes de classes sociales très différentes se rencontrent, le cinéma permet tout. Une jeune femme, naïve, rêveuse, retrouve un garçon qu'elle a connu dans sa campagne natale. Timide, il se rêve écrivain malgré ses origines modestes. Et un troisième personnage vient perturber ce qui aurait pu être une belle histoire d'amour. Il a leur âge, il est beau, très riche, d'une aisance folle, un côté Gatsby. Mais Lee Chang-Dong regarde plus du côté de Faulkner, chroniqueur de la violence sociale, que de Fitzgerald, l'auteur de Gatsby le magnifique. Ce dandy est inquiétant, sa perversité se révèle dans un "Dîner de cons à la coréenne". Tout en retenue, il jubile de sa supériorité de classe. Quand l'objet de son désir et de son mépris disparaît, on bascule dans le thriller.    

Un candidat au palmarès 

Burning porte des thèmes pertinents et universels, comme le désœuvrement de la jeunesse coréenne, cette colère étouffée dont on sent qu'elle peut exploser à tout moment. Jongsu, le personnage du garçon privé de son amour, part à sa recherche, une longue quête qui passe par sa propre émancipation. Il y a, dans ce film, une violence à fleur de peau, enfouie aussi par la culture coréenne, mais qui ne demande qu'à s'exprimer. Lee Chang-Dong met en scène cette colère sourde, la beauté des images n'est jamais tranquille. Au coucher du soleil, quand devant les deux garçons la jeune fille danse torse nu sur Ascenseur pour l'échafaud de Miles Davis, on pense à Jules et Jim, mais pas longtemps. Dans ce trio, il y a un dominant et deux dominés. Cette scène est l'une des plus fortes du Festival de Cannes. Lee Chang-Dong, prix du scénario en 2010 pour Poetry, fait partie des cinéastes qui ont le mieux saisi la violence de l'époque.      

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