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L'étoile de Cannes (1/14). Finis les selfies sur le tapis rouge du Festival

Le 71e festival de Cannes débute mardi. Parmi les nouveautés cette année,  l'interdiction des selfies au moment de la fameuse montée des marches. Une décision pas anodine.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des invités prennent un selfie sur le tapis rouge du Festival de Cannes, le 27 mai 2017. (ANTONIN THUILLIER / AFP)

L'étoile de Cannes (1/14). Finis les selfies sur le tapis rouge du Festival

Vulgaire, ridicule, grotesque...Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, n'a pas eu de mots assez durs pour justifier sa décision : cette année, promis, quiconque flattera son égo téléphone et bras tendus vers son auguste personne, en tenue de soirée sur les marches du Palais des Festivals, sera viré sur le champ...

A qui s'adresse cette menace, souvent brandie, jamais appliquée ? Pas aux stars évidemment, ni aux équipes des films qui pourront encore se prendre en photo. La mesure est destinée aux invités, ces personnes plus ou moins importantes qui ont l'honneur de précéder le jury, les artistes, les producteurs, avant la projection du soir.

Réenchanter le Festival

Les selfies, ça ralentit le protocole, millimétré, c'est surtout une tâche sur le tapis rouge. Thierry Frémaux veut réenchanter le festival. Cannes c'est une alchimie complexe : des paillettes et des œuvres rares, du business et de l'art, un événement qui fait partie du patrimoine culturel français, avec ses codes et sa hiérarchie. Quand on est invité, on se tient à sa place. Mais l'époque se moque des convenances. Elle désacralise et quiconque, a fortiori si on a eu le carton d'invitation, veut son moment de célébrité, promis par Andy Warhol, visionnaire en son temps.

Mesure salutaire ou passéiste ? C'est en tout cas une question qui en soulève d'autres. Ce rapport à l'image, cette illusion d'une démocratisation de la gloire, bien éphémère, nous rappelle ce qui définit la star. Quand, dans l'ancien Palais des Festivals, Sophia Loren et Marcelo Mastroianni montaient les marches, c'était un moment rare. Ils étaient inaccessibles, comme sur un nuage, alors qu'il y avait bien moins de photographes, de télés, de sécurité, mais leurs apparitions publiques étaient rares. Et le cinéma, industrie en pleine explosion, fabriquait des icônes, dont la rareté était le pendant de la valeur.

Aujourd'hui, les stars galvaudent leur propre image, se vendent à des marques de cosmétique et de luxe et sont les moins prudentes, omniprésentes sur les réseaux sociaux, au même titre que les pseudo-stars de la téléréalité. Dans les années 60, les starlettes, qui ont aussi fait la légende de Cannes, se faisaient mitrailler sur la plage en tenue légère, par des photographes qui le plus souvent ne mettaient pas de pellicule dans leur appareil et se rinçaient l'œil. Il y'a toujours eu à Cannes ce mélange d'élégance et de vulgarité, ce n'est pas nouveau.    

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