Zyed et Bouna: les deux policiers renvoyés en correctionnelle
Il y aura bien un procès dans l'affaire de Zyed et Bouna. Vendredi, la Cour d'appel de Rennes a renvoyé les deux policiers impliqués dans la mort des deux adolescents en correctionnelle. "La chambre de l'instruction de Rennes vient de confirmer le renvoi de mes clients devant le tribunal correctionnel ", a déclaré l'avocat des deux jeunes morts en 2005. Les deux policiers seront jugés pour "non assistance personne en danger ".
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Zyed 17 ans et Bouna 15 ans, ont péri électroctés dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés le 27 octobre 2005. Leur mort avait entraîné des émeutes dans plusieurs banlieues françaises.
En octobre 2012, la Cour de cassation avait annulé un non-lieu de la Cour d'appel de Paris et renvoyé le dossier à Rennes. "Huit ans après les faits, l'affaire n'est toujours pas jugée. Elle se heurte systématiquement à une politique d'embuscade du parquet, qui a d'ailleurs requis comme si l'arrêt de la Cour de cassation n'était pas intervenu ", a expliqué l'avocat des familles des adolescents.
Deux versions s'opposent
Les deux camps maintiennent depuis le début deux argumentaires opposés. Pour Me Mignard, avocat des deux adolescents, "les deux policiers voient les adolescents pénétrer dans le site (EDF, ndlr) mais ne font rien pour les alerter du danger qu'ils courent ".
Selon lui, "les policiers savent qu'ils sont en danger de mort, mais aucun ne prend la peine de les appeler. Au contraire, tout ce qui est fait contribue à augmenter l'effroi des adolescents, avec des manoeuvres d'encerclement qui vont les pousser à s'enfoncer dans le site ".
A l'inverse, Me Merchat, l'avocat des policiers, estime que ses clients "n'ont jamais su qu'ils étaient entrés, au contraire, après vérification, ils étaient convaincus qu'ils n'y étaient pas ". Les policiers "ont procédé à toutes les vérifications qui étaient en leur pouvoir pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans le site ". Ce renvoi en correctionnelle "n'inquiète pas" l'avocat qui estime que "les éléments consécutifs de l'infraction ne sont pas réunis ".
"Les familles veulent comprendre pourquoi on a laissé leurs enfants 20 minutes dans cette centrale électrique" (Samir Mihi, président de l'association de soutien Au-delà des mots)
Pour Samir Mihi, président de
l'association Au-delà des mots, qui soutient les familles de Zyed et Bouna
depuis huit ans, cette décision marque à la fois le début et la fin d'un
combat. "La fin d'un premier combat pour essayer d'arriver jusqu'au
procès et un autre combat, celui du procès ". Il s'inquiète : "il faut
savoir si le procès aura bien lieu ou si le parquet de Rennes va faire appel" .
Samir Mihi confie que ce
renvoi en correctionnelle est un "ouf de soulagement " pour les
familles car "enfin, on les reconnaît en tant que victimes ". Aujourd'hui,
huit ans après la mort de Zyed et Bouna, les familles veulent "comprendre
pourquoi on a laissés leurs enfants 20 minutes dans cette centrale électrique et
à aucun moment " les policiers "n'ont alerté les agents EDF ".
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