Viande de cheval : un trafic démantelé dans le sud de la France
Les gendarmes ont eu recours aux grands moyens ce lundi matin pour tenter de mettre à terre un réseau de trafic de viande de cheval de laboratoire impropre à la consommation et réintroduite dans la chaîne alimentaire. Les gendarmes ont débarqué à l'heure du laitier chez des suspects habitant dans 11 départements français.
L'opération, réalisée dans le cadre d'une information judiciaire conduite à Marseille, mobilise une centaine de militaires, a précisé la gendarmerie. Elle s'est déployée principalement dans le sud de la France, en Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Midi-Pyrénées.
Le trafic pourrait concerner plusieurs dizaines de chevaux issus du site du laboratoire Sanofi Pasteur d'Alba-la-Romaine, en Ardèche. "Ça peut être plusieurs centaines, si le trafic porte sur plusieurs années. Sur les trois dernières années, on a dû avoir 200 chevaux réformés ", a déclaré à Reuters Alain Bernal, porte-parole de Sanofi Pasteur.
Quelque 21 interpellations
Les gendarmes ont interpellé 21 personnes. Il s'agit notamment de plusieurs négociants en viande dont l'organisateur présumé du trafic et d'un de ses proches. L'homme a été arrêté à Narbonne (Aude), apparemment à son domicile, avant d'être emmené sur le site de l'abattoir municipal de la ville où se trouve les
bureaux de sa société. Au moins trois vétérinaires et un informaticien ont également été interpellés.
Les investigations visent essentiellement la mise sur le marché de viande de cheval impropre à la consommationcar ayant transité par des laboratoires pharmaceutiques, dont celui de Sanofi Pasteur d'Alba-la-Romaine en Ardèche.
L'affaire a débuté fin 2012 par l'envoie d'une lettre anonyme adressé à la préfecture de l'Aude et mettant en cause un marchand de chevaux propriétaire d'une boucherie de Narbonne.
"Une usine à anticorps"
Sanofi Pasteur "utilise des chevaux pour produire des sérums, des médicaments qui sauvent les vies humaines, c'est-à-dire qui servent à protéger l'être humain contre la rage, le tétanos et les venins de serpents" , a expliqué Alain Bernal qui "condamne la fraude" .
Toujours selon le porte-parole, le cheval est "une
usine àanticorps" . "On le vaccine, l'organisme du cheval va générer
des anticorps dans le sang. On extrait le sang, on extrait les anticorps, on
les purifie et ensuite ça devient un produit pharmaceutique".
Le laboratoire revend
ensuite les chevaux en stipulant qu'ils ne doivent pas se retrouver dans la
filière alimentaire et doivent être utilisés pour les loisirs ou dans les
écoles vétérinaires.
"Un problème sanitaire "
Interrogé sur cette affaire sur RTL, le ministre Benoît Hamon a tenu à faire la différence avec l'affaire Spanghero : "C'est un problème sanitaire . Il s'agirait de chevaux qui devraient finir chez l'équarrisseur et finissent chez le boucher. Des chevaux impropres à la consommation. Nous avons depuis le début de l'année mis sous surveillance la filière viande et la filière poisson en France ".
Début 2013, un système de fraude à l'échelle européenne où de la viande de cheval bon marché était vendue pour de la viandede boeuf, plus onéreuse, notamment dans des plats surgelés cuisinés, avait été mis au jour.
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