Un ancien trader vole au secours de Jérôme Kerviel
Des témoins entendus depuis le début du procès mardi, c’est le premier à prendre la défense de Jérôme Kerviel. Peut-être parce que Benoît Taillieu, 34 ans, est "totalement retiré du monde de la finance", explique-t-il. Cet ancien trader, reconverti dans la décoration intérieure, est d’ailleurs toujours en procès avec la Société Générale.
"Pour moi c’est une certitude, une évidence (…) Sa hiérarchie directe ne pouvait pas ignorer totalement ses agissements", lance l’ancien collègue de Kerviel. Et pour étayer ses propos, il évoque la nature et le volume des produits financiers que Jérôme Kerviel était censé traiter, ainsi que ses résultats déclarés : tout cela ne pouvait pas correspondre au mandat qui lui avait été confié. "C'est comme si Jérôme Kerviel avait pour mandat d'acheter 10 tonnes de fraises mais achète 100 tonnes de pommes de terre et le contremaître passe tous les jours dans le hangar et ne dit rien", explique l’ancien trader.
Quant, à la fin de l’année 2007, Kerviel annonce 55 millions de profits à son supérieur, celui-ci "ne peut ignorer que Jérôme Kerviel a des activités exotiques", poursuit-il. La Société Générale a toujours déclaré avoir découvert le 18 janvier 2008 l’ampleur des positions à risques prises par son trader indélicat.
La première semaine de procès se termine sur cette mise en accusation de la plus haute hiérarchie de la banque.
_ A l’ouverture de l’audience ce matin, l’avocat de Kerviel Me Olivier Metzner avait versé au dossier un document interne de la banque saisi dans une autre affaire, le scandale dit du "Sentier II". Un document visant à prouver que la hiérarchie de la Société Générale dicte à ses employés ce qu’ils doivent dire – et surtout ne pas dire – devant un tribunal.
Le procès reprend lundi matin.
Gilles Halais, avec agences
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