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Journalistes français otages en Syrie : Mehdi Nemmouche renvoyé devant la cour d'assises spéciale de Paris

Le tueur du musée juif de Bruxelles sera jugé pour séquestration, actes de torture et de barbarie, tous comme trois autres accusés. Parmi les victimes figurent les journalistes français Didier François, Edouard Elias Nicolas Hénin et Pierre Torres.
Article rédigé par franceinfo
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La cour d'assises spéciale de Paris. (FRANZ CHAVAROCHE / MAXPPP)

Mehdi Nemmouche, le tueur du musée juif de Bruxelles, est renvoyé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour la prise d'otage de quatre journalistes français en Syrie, selon une information de France Inter de source judiciaire, mercredi 10 mai. Il devra répondre, avec quatre autres accusés, de séquestration, actes de torture et de barbarie.

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Les journalistes français Didier François et Edouard Elias ont été enlevés le 6 juin 2013 à une station-service abandonnée en plein jour à la sortie de la ville de Marea en Syrie. Leurs ravisseurs, cinq hommes, qui savaient précisément à qui ils ont affaire, avaient confisqué leurs papiers d’identité, leurs téléphones, les menottent et les ont emmenés de force.

Quelques jours plus tard, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été enlevés à leur tour. Plus globalement, "entre le 22 novembre et le 2 janvier 2014, 25 otages occidentaux, journalistes ou travailleurs humanitaires, ont été enlevés par l’Etat islamique, dans le nord de la Syrie", rappelle à France Inter le parquet national antiterroriste qui réclamait le renvoi des cinq hommes devant la cour d'assises.

Des otages soumis à des simulacres d'exécution

Les otages étaient entravés, les yeux bandés, emmenés en voiture. Des mois durant, ils sont séquestrés et violentés : écrasement des doigts avec une pince, décharges électriques à l’aide d’un taser, coups de matraque, suspension au mur, ou à un portique en plein soleil, des coups au point de casser les côtes. Les otages ont également été victimes de simulacre d'exécution, "à genoux, un canon de Kalachnikov sur la nuque", raconte à France Inter Édouard Élias.

Les otages ont été déplacés au gré des victoires ou des défaites militaires de Daech. Ils ont notamment passé plusieurs semaines dans l'hôpital ophtalmologique d'Alep, endroit stratégique du groupe jihadiste. Parmi leurs geôliers, Mehdi Nemmouche, alias Abou Amar, désormais connu comme le tueur du musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014. Rangers aux pieds, particulièrement violent envers les otages. "Sadique, ludique et narcissique", comme le décrit Nicolas Hénin et adulant Mohamed Merah (auteur des attentats contre des militaires et une école juive de Toulouse en mars 2012).

Un geôlier qui imitait Coluche et chantait Aznavour

Mehdi Nemmouche a été le seul des geôliers à ne jamais cacher son visage. Il aimait au contraire discuter avec les otages francophones, leur raconter les dernières diffusions de "Faites entrer l’accusé" (l'émission de télévision) qu’il téléchargeait sur Internet, organiser des quiz sur les grandes affaires judiciaires, imiter les sketchs des Inconnus ou de Coluche ou encore chanter du Charles Aznavour.

Mehdi Nemmouche, racontent les otages, s’amusait à soumettre les otages à des simulacres d’exécution, coups, doigts écrasés dans une tenaille, à proposer du thé avant de verser l’eau bouillante sur leurs mains. "J’ai le sentiment qu’il voulait faire la manchette des journaux", rapporte Nicolas Hénin à France Inter. "Il disait : 'lorsque je serai sur le banc des accusés, vous viendrez témoigner'".

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