Trois chefs d'Etat africains visés par une enquête judiciaire
C'est une longue bataille judiciaire qui va (peut-être) s'ouvrir. Celle menée à bout de bras par l'association Transparence international France (TI), spécialisée dans la lutte contre la corruption.
_ L'association avait porté plainte, le 2 décembre dernier, une plainte qui visait “les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France par Denis Sassou Nguesso (Congo), Omar Bongo (Gabon) et Teodoro Obiang (Guinée Equatoriale) ainsi que des membres de leur entourage”.
Recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicités, évoquait à l'époque l'association.
Un juge - et pas n'importe lequel - a décidé aujourd'hui d'instruire cette plainte. La doyenne des juges du pôle financier de Paris l'a jugée recevable. Le parquet de Paris, qui s'était déjà prononcé contre l'ouverture d'une information judiciaire, dispose désormais de cinq jours pour faire appel.
Dans ses réquisitions prises courant avril, le procureur avait demandé à la
doyenne des juges d'instruction de constater l'irrecevabilité de la plainte.
Déjà, dans le passé, le parquet de Paris avait classé sans suite, à deux reprises, en novembre 2007 et septembre 2008, des plaintes simples visant les trois chefs
d'Etat africains.
Des chefs d'Etat riches propriétaires
Si l'instruction se poursuit, elle visera à expliquer comment, par exemple, Omar Bongo et sa famille ont pu acheter un hôtel particulier et quatre appartements dans le XVIe arrondissement de Paris ; comment Denis Sassou Nguesso a fait pour posséder un hôtel particulier de 700 m², estimé entre 5 et 10 millions d'euros, dans les Yvelines, et un appartement dans le VIIe arrondissement de Paris.
Pour Transparence international, “il n'y a aucun doute sur le fait que ce patrimoine n'a pu être constitué grâce aux seuls salaires et émoluments de ces chefs d'Etat au sujet desquels il existe de sérieuses présomptions de détournements de fonds publics”.
_ D'ailleurs, le récent procès Elf a démontré, en 2003, que les revenus du pétrole profitaient personnellement aux chefs d'Etat en question - et non au budget des pays...
Guillaume Gaven, avec agences
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