Tireur à Paris : comment s'organise la traque ?
Comment cherche-t-on un suspect en cavale ? Depuis lundi, une véritable chasse à l'homme s'est engagée pour tenter de retrouver le principal suspect qui a grièvement blessé par balles un assistant photographe dans l'entrée de Libération lundi, avant de tirer des coups de feu à La Défense. Le même homme est aussi soupçonné d'être l'auteur d'une agression à BFMTV vendredi dernier.
La piste d'un auteur unique est donc privilégiée par les enquêteurs. Même si on ne connaît pour l'heure ni son identité ni ses motivations, l'homme a laissé de nombreuses traces derrières lui : témoins, empreintes, images de vidéosurveillance, toutes les possibilités sont actuellement exploitées par les enquêteurs, et cela donne une masse d'informations à trier.
Les données techniques
► Les images d'abord, avec en premier lieu celles diffusées lundi soir par le parquet de Paris dans le cadre de l'appel à témoins. Il y a la scène de l'irruption du tireur à BFMTV, filmée dans son intégralité.
Il y a, captée le même jour, l'attente de l'individu à la station de tramway à
proximité des locaux de la chaîne de télévision. Il y a enfin une image de
vidéosurveillance dans une rue près du siège de Libération lundi matin. Autant d'images qui ont permis lundi au procureur de dresser un portrait assez précis du suspect. A retrouver ici ► Que sait-on du principal suspect ?
Et puis il y a les très nombreux systèmes de vidéosurveillance présents dans la capitale : les images de la ville de Paris et de la RATP notamment, que les enquêteurs doivent éplucher. Mais il faudrait pour cela que l'homme réapparaisse au grand jour.
► Il y a la téléphonie : est-ce qu'un même numéro de téléphone "borne" (c'est-à-dire apparaît ) vendredi à BFMTV, lundi matin à Libération et lundi midi à La Défense ? Si un seul et même portable avait par exemple été utilisé sur les trois scènes
de crime, cela pourrait aider considérablement les policiers.
► Côté technique, il y a encore les empreintes digitales et ADN qui peuvent être retrouvées sur les cartouches tirées lundi à Libération, un type de munitions généralement privilégié par les chasseurs. Des analyses poussées ont également été effectuées dans la Twingo de l'homme que le supect a brièvement pris en otage lundi, dans l'espoir d'y retrouver des traces ADN exploitables.
► Les enquêteurs effectuent aussi tous les recoupements possibles de fichiers , qui contiennent les noms d'extrémistes de toutes sortes. Ils recherchent les différentes affaires récentes de menaces envers les journalistes ou d'utilisation d'armes longues, ou encore les profils de patients récemment sortis d'hôpitaux psychiatriques.
Les données humaines
► Il y a ensuite tous les témoignages de ceux qui ont croisé la route du tireur. En particulier l'automobiliste de 65 ans que le suspect a pris en otage pendant une vingtaine de minutes à la mi-journée lundi entre La Défense et les Champs-Elysées. Cet homme a été longuement interrogé par les policiers. C'est le seul qui
ait été vraiment au contact du suspect, qui lui ait parlé. Le suspect aurait confié
qu'il sortait de prison, qu'il était très déterminé, sans toutefois révéler les
raisons de son comportement. Il aurait également affirmé être en possession
d'une grenade.
Mais tout cela est-il vrai ? Le suspect a pu aussi intoxiquer son otage pour que celui-ci, une fois relâché, fasse perdre du temps aux enquêteurs. Ils vont tout de même bien sûr s'intéresser aux individus sortis récemment de prison.
► Et puis enfin, il y a tous les signalements , après l'appel à témoins. Depuis la diffusion des photos lundi soir, la police a reçu 400 appels, dont 120 ont fait l'objet d'une ouverture de fiche pour vérification. Le tireur a été vu dans tout Paris, dans le IXe, au Bois de Boulogne, porte de la Muette, etc., c'est le risque de ce genre d'appel à témoins.
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