Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : un accusé hésitant et des absences très remarquées à l'ouverture du procès
Quatre personnes sont jugées à Paris, plus de cinq ans après l'assassinat du père Hamel dans son église, près de Rouen. La première journée, ce lundi, est consacrée au parcours des accusés.
Farid Khelil, 36 ans, est le premier accusé à s'expliquer devant la cour d'assises spéciales de Paris, lundi 14 février, au premier jour du procès de l'attentat de l'église de Saint-Etienne du Rouvray. Il est le cousin d'un des deux assassins du père Jacques Hamel, abattus lors de l'attaque, le 26 juillet 2016 et son interrogatoire commence par une erreur. "Reconnaissez-vous les faits ?", interroge le président. "Oui, l'association", explique Farid Khelil, avant de reprendre "Ah non". Il rejette ainsi l'accusation d'association de malfaiteurs terroristes criminelle qui le vise lui et deux autres accusés. La dimension criminelle leur fait encourir trente ans de réclusion. Le quatrième accusé, mis en examen pour complicité, sera jugé en son absence.
Farid Khelil raconte ensuite son parcours. Élève peu assidu à l'école, il assure que s'il avait plus travaillé et avec plus de concentration, il s'en serait mieux sorti. Puis, il parle de ses enfants, sa fille adolescente qu'il a eue à 20 ans et qui a 16 ans aujourd'hui. "Maintenant, vous ne la voyez pas ?", demande le président de la cour. "Non, mais je le prends plutôt bien", répond-il. L'accusé explique ensuite que ses loisirs, c'est fumer du cannabis et jouer aux jeux vidéo.
De possibles failles du renseignement
Le parcours de Rachid Kassim, jugé pour complicité a également été évoqué. Ce Français, considéré comme l'instigateur de l'attentat du père Hamel, est le grand absent de ce procès. Il donnait des consignes depuis la zone irako syrienne. Parti rejoindre les rangs de l'organisation Etat islamique, il est présumé mort en 2017. Son nom apparaît dans plusieurs dossiers de terrorisme, en France notamment. Convoquée au procès dans les prochaines semaines pour témoigner, la mère de Rachid Kassim ne viendra pas elle non plus. Dans une longue lettre envoyée au président, elle explique à quel point elle est brisée, le cauchemar qui recommence sans cesse. Elle a l'impression de se noyer à chaque convocation judiciaire.
C'est un procès, où se pose aussi la question d'éventuelles failles dans le renseignement. Car l'un des assaillants, Adel Kermich avait une chaîne Telegram alors qu'il était sous surveillance des renseignements. Il y appelait, quelques jours encore avant l'attaque dans l'église, à commettre des attaques sur le sol français, des actions violentes. Il citait des églises, des écoles et parlait de "couper des têtes", ce qu'il allait faire quelques jours plus tard. Ces messages sont-ils passés sous les radars des services de renseignements ? C'est ce que veulent savoir les avocats, notamment des parties civiles.
La soeur du père Hamel fatiguée par l'audience
Maître Christian Saint-Palais, qui défend des proches du père Hamel, a demandé à ce que les cinq agents chargés de l'enquête soient entendus. Mais ils ne vont pas venir a priori, certificats médical à l'appui. L'avocat ne comprend pas cette absence : "Un procès ça sert à savoir comment s'est déroulée l'enquête et éventuellement, ça sert aussi à révéler les insuffisances de notre arsenal. Un procès, ça permet de débattre contradictoirement. Il ne s'agit pas de mettre en cause la responsabilité des uns ou des autres. Nous sommes dans un autre procès que celui de la recherche de la responsabilité des policiers. J'espère que nous aurons des explications plus sincères dans peu de temps et j'espère que nous les aurons ici au débat puisqu'ils sont cités comme des témoins."
Les avocats de la défense souhaitent également que ces agents viennent s'expliquer. À noter que Roseline Hamel, 80 ans, sœur du prêtre assassiné en 2016, est partie dans l'après-midi avant la fin des audiences. Trop fatiguée, elle avait atteint sa limite.
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