Cet article date de plus de quatre ans.

TEMOIGNAGE FRANCE 3 : "C'est fini pour toi" : le chauffeur de taxi pris en otage le 11 décembre 2018 par le terroriste de Strasbourg raconte son traumatisme

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
Ils ont vécu en premières lignes l'attentat de Strasbourg
"J'ai fait face au terroriste de Strasbourg" Ils ont vécu en premières lignes l'attentat de Strasbourg
Article rédigé par France 3
France Télévisions
France 3

C'était la dernière course de Mustapha Salhane, qui a depuis sombré dans la dépression. "On est un mort-vivant, (...) on passe d'un homme actif à un homme détruit, du jour au lendemain", raconte-t-il. 

Il a passé quinze minutes en tête à tête avec l'auteur de l'attentat du marché de Noël à Strasbourg (Bas-Rhin). Le 11 décembre 2018, il est 20 heures lorsque Mustapha Salhane, chauffeur de taxi, voit arriver vers lui un individu qui s'installe à l'arrière de sa voiture. "Roule", lui ordonne-t-il. 

Il s'agit de Cherif Chekatt, qui vient de commettre l'attaque qui a coûté la vie à cinq personnes, dans le centre-ville de Strasbourg. "Il est armé, en sang, je ne peux qu'exécuter ses ordres", raconte le chauffeur. "De toute façon, toi avec ton téléphone et ta voiture, tu ne vas plus nulle part : tu vas rester avec moi. C'est fini pour toi", lui affirme Cherif Chekatt. Prisonnier au volant de son taxi, Mustapha Salhane se prépare à mourir. Mais après quinze minutes, le terroriste change d'avis. Il fait descendre le chauffeur de sa voiture, pointe l'arme sur lui mais ne tire pas.

"Intérieurement, on est mort" 

C'était la dernière course de Mustapha Salhane, qui a depuis sombré dans la dépression. "On est un mort-vivant, on devient toxique avec tout le monde (...) on passe d'un homme actif à un homme détruit du jour au lendemain", déplore-t-il. 

L'ancien chauffeur de taxi n'est pas le seul à souffrir de ces blessures invisibles. Ichrak Marzouq, une agente de sécurité venue au secours des victimes alors que le terroriste était encore sur place, n'est plus la même depuis cette funeste journée. "Certes, on est debout sur nos deux pieds, mais intérieurement, on est mort", témoigne la jeune femme. 

C'est pour faire reconnaître leur traumatisme qu'ils ont créé l'Association des victimes psychologiques de l'attentat de Strasbourg. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.