Attentat à Strasbourg : le tireur présumé est connu pour "plus de 50 faits à son actif avec des braquages ou des vols violents"
Le tireur présumé est déjà connu par les autorités pour "plus de 50 faits à son actif avec des braquages ou des vols violents", a précisé sur franceinfo mercredi 12 décembre David Le Bars, secrétaire général du SCPN, Syndicat des Commissaires de la Police Nationale.
David Le Bars, responsable du Syndicat des commissaires, estime sur franceinfo que "plusieurs signaux" indiquent "qu’on est dans une forme de radicalisation" et qu'"on est quand même dans une forme d’attentat". Il rappelle également que la fiche S "n’est pas un label d’un individu radicalisé pour terrorisme".
franceinfo : En quoi consiste la traque pour retrouver le tireur ?
David Le Bars : Il y a un dispositif à plusieurs niveaux. D’abord au niveau policier, plusieurs centaines d’hommes et de femmes sont mobilisés à la fois pour sécuriser le quartier mais aussi progresser zone par zone en fonction du déroulement de l’enquête, afin de faire des levers de doutes. La deuxième partie la plus importante, c’est celle de l’enquête, pour rassembler toutes les preuves pour procéder à la traque et permettre de localiser l’individu pour savoir où il aurait pu se cacher. Enfin, la troisième partie, c’est la mobilisation de la BRI et du RAID qui seront les unités qui permettraient, en cas de besoin, de mener l’assaut si l’individu est localisé.
Etes-vous en lien avec les autorités allemandes, car il pourrait avoir passé la frontière ?
C’est une hypothèse qu’il ne faut pas ignorer. L’individu est très mobile, il a commis des actions très rapides et très violentes, il connaît le territoire allemand et c’est une probabilité qu’il ait pu aller en Allemagne. Et la collaboration entre les deux est actuellement en cours.
Quel est son profil ? Est-ce un gros délinquant ?
Quand on a plusieurs dizaines de faits à son actif, on peut parler d’un délinquant enraciné dans la délinquance de droit commun. Quand on est à plus de 50 faits à son actif avec des braquages ou des vols violents, je pense qu’on est dans la délinquance de façon lourde. Et puis il y a ce phénomène de radicalisation à prendre avec précautions. L’individu était fiché S pour une radicalisation potentielle. Il s’en est pris aux passants dans la rue de façon gratuite, faisant trois morts et des blessés graves. Et il s’en est pris aux forces de l’ordre qui ont riposté. On a des signaux qui laissent à penser qu’on est dans une forme de radicalisation. On est quand même dans une forme d’attentat.
Rien ne laissait penser qu’il pouvait passer à l’acte ?
Le problème vient aussi du fait que certaines personnes dans la classe politique font des déclarations intempestives en demandant l’incarcération ou l’expulsion des fichés S. Mais une fiche S est un outil à la disposition des enquêteurs, pour permettre en fonction des individus qui sont dans le collimateur des enquêtes de savoir quels sont leurs déplacements. Parmi les fichés S, il y a des gens radicalisés à l’extrême gauche, à l’extrême droite et des hooligans aussi. Ceux qui appellent à l’incarcération de ces gens-là commettent des déclarations irresponsables car c’est un outil pour les enquêteurs. On ne serait plus en démocratie, on serait dans un Etat policier. Ce n’est en rien un critère de dangerosité. La fiche S c’est une inscription sur une personne sur laquelle on a des doutes. Ce n’est pas un label d’un individu radicalisé pour terrorisme, on est très loin de ça.
Le tireur est semble-t-il blessé ?
La nature des blessures n’est pas connue. Il sait que la nasse va se resserrer. S'il s'agit d'une radicalisation religieuse, on peut avoir à faire à un baroud d’honneur, qu'il commette l’irréparable pour qu'il y ait un assaut final.
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