Attentat de Moscou, menaces contre des lycées, Jeux olympiques... Pourquoi la France a relevé le plan Vigipirate à son plus haut niveau

Article rédigé par Catherine Fournier - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un militaire de l'opératiion Sentinelle devant un véhicule siglé Vigipirate, le 25 juillet 2016, à Vincennes (Val-de-Marne). (IAN LANGSDON / AFP)
Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs tentatives" avaient été déjouées, notamment de la part de la branche du groupe Etat islamique qui a revendiqué le massacre en Russie.

La France est à nouveau en alerte maximale face à la menace d'attentats. L'exécutif a décidé, dans la soirée du dimanche 24 mars, à l'issue d'un conseil de défense à l'Elysée, de relever le plan Vigipirate à son niveau le plus haut : l'"urgence attentat". Le Premier ministre Gabriel Attal a invoqué "la revendication de l'attentat" qui a fait au moins 137 morts vendredi soir dans une salle de concert près de Moscou "par l'Etat islamique", ainsi que "des menaces qui pèsent" sur la France. Franceinfo vous en dit plus sur l'état de la menace en France et les motifs d'inquiétude pour le gouvernement. 

Parce que l'attentat de Moscou rappelle le Bataclan

L'attentat de Moscou a été revendiqué par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), la branche afghane de l'organisation terroriste. Or ce groupe jihadiste a "conduit, ces derniers mois, plusieurs tentatives sur notre propre sol", a expliqué Emmanuel Macron, lundi. "Compte tenu de ses ramifications et de ses intentions, par mesure de précaution, mais avec des éléments crédibles et solides", il a été "décidé de hausser la posture de Vigipirate", a justifié le chef de l'Etat

Contacté par franceinfo, le Parquet national antiterroriste (Pnat) évoque la mise en examen de deux jeunes hommes, l'un de nationalité russe et l'autre de nationalité tadjike, pour association de malfaiteurs terroriste, après leur interpellation en novembre 2022. Selon le Pnat, les premières investigations ont confirmé les liens de ces deux personnes avec les branches d'Asie centrale et du Caucase de l'Etat islamique. 

Pour Vincent Nouzille, journaliste d'investigation spécialiste du terrorisme, "l'attentat de Moscou, c'est le retour du spectre de la menace projetée" depuis l'étranger. L'attaque dans la capitale russe n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle menée en novembre 2015 par des commandos du même Etat islamique contre le Bataclan.

Vincent Nouzille, journaliste spécialiste du terrorisme

Parce que des collèges et lycées ont été menacés

Quatre mois après le meurtre de Dominique Bernard au lycée d'Arras par un ancien élève radicalisé, la sécurité des établissements scolaires suscite de nouveau des inquiétudes depuis la semaine dernière. "Près de 130" lycées et collèges ont en effet été visés par des menaces d'attentat et des "actes malveillants" via les espaces numériques de travail (ENT) en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et la région Grand Est, d'après le ministère de l'Education.

Les ENT, qui servent de lien entre enseignants, élèves et parents pour transmettre notamment les devoirs, ont subi plusieurs cyberattaques. Certains élèves ont été exposés à des messages violents et même à une vidéo de décapitation. Dans le Haut-Rhin, la préfecture a par ailleurs fait état de "multiples alertes à la bombe dans des établissements scolaires".

C'est aussi dans ce contexte que le plan Vigipirate, déjà relevé au niveau "urgence attentat" après l'attentat d'Arras puis rétrogradé au niveau 2 en janvier, a retrouvé son niveau le plus élevé.

Parce que la France reste une cible des jihadistes

"Nous empêchons des attentats de se dérouler quasiment tous les mois", a insisté Gérald Darmanin. Selon le ministre de l'Intérieur, "la menace islamiste" peut "toucher tout le monde, à tous moments, pas que la France", a-t-il répété lundi. D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 24 attaques terroristes ont été perpétrées sur le sol français depuis 2015. Dans le même temps, 74 attentats ont pu être déjoués.

Quarante-cinq l'ont été depuis 2017, dont deux en ce début d'année, a fait savoir Gabriel Attal lundi. Selon le ministère de l'Intérieur, sollicité par franceinfo, il s'agit d'une personne interpellée le 10 janvier pour un projet contre "des cibles juives" ou "une boîte de nuit LGBT" et de l'arrestation le 5 mars d'un sexagénaire qui fomentait une action violente contre un édifice religieux catholique. "La menace terroriste islamiste est réelle, elle est forte, elle n'a jamais faibli", a martelé le Premier ministre. 

Gabriel Attal sur la menace terroriste

La menace est montée d'un cran sur le territoire depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre. Début décembre, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans déjà condamné pour un projet d'attaque en 2016, a tué un homme et blessé deux autres personnes au niveau du pont de Bir-Hakeim à Paris. Selon des sources concordantes auprès de franceinfo, l'élément déclencheur de son passage à l'acte était les évènements au Proche-Orient et "la riposte d'Israël". Fin décembre, cinq étudiants ont aussi été interpellés en raison de craintes d'un projet d'action violente sur le marché de Noël de Strasbourg, déjà visé en décembre 2018 par un attentat qui avait fait cinq morts et une dizaine de blessés. Ces étudiants ont finalement été relâchés sans poursuites. 

Parce qu'il faut rassurer à l'approche des JO

Alors que la France s'apprête à accueillir dans quatre mois les Jeux olympiques, le gouvernement français veut montrer qu'il prend la menace au sérieux, tout en rassurant sur sa capacité à la maîtriser. La police, la gendarmerie et les renseignements français "seront prêts" pour assurer la sécurité de cet événement sportif planétaire organisé à Paris mais aussi dans d'autres villes du territoire français du 26 juillet au 11 août, a assuré lundi Gérald Darmanin, mettant en avant un "système de renseignement extrêmement efficace".

"La France, parce qu'elle porte des valeurs universelles, qu'elle est pour la laïcité, (...) est particulièrement menacée, notamment pendant ces évènements extraordinaires que vont être les Jeux olympiques", a souligné le ministre de l'Intérieur. Au total, "4 000 militaires supplémentaires" sont ainsi placés "en alerte", en plus des 3 000 déjà déployés dans le cadre de l'opération Sentinelle, a de son côté fait savoir le Premier ministre Gabriel Attal.

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