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La journée d'hommage aux victimes du terrorisme est "importante" aussi "pour l'ensemble de la société"

Guillaume Denoix de Saint Marc, fondateur et directeur général de l’Association des victimes de terrorisme, estime que cette journée d'hommage est "l'étape première pour permettre une résilience".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Guillaume Denoix de Saint Marc, le 19 septembre 2018, à Paris. (LUDOVIC MARIN / POOL)

La journée d'hommage national est "importante pour les victimes" mais aussi "pour l'ensemble de la société", a souligné jeudi 11 mars sur franceinfo Guillaume Denoix de Saint Marc, fondateur et directeur général de l’Association des victimes de terrorisme. Il estime que le choix d'Emmanuel Macron de rendre visite ce jeudi à l'imprimeur Michel Catalano "est tout à fait pertinent". "Le message que nous voulons porter en tant que victime, c'est qu'il faut que le monde soit apaisé et que ce qui est important c'est d'arriver à refaire société, à expliquer les choses", poursuit-il, saluant l'avancée du projet français de musée-mémoriel sur le terrorisme.

franceinfo : Pourquoi cet hommage est-il important et nécessaire ?

Guillaume Denoix de Saint Marc : Cet hommage est important d'abord pour les victimes. C'est important qu'elles puissent être reconnues puisque c'est l'étape première pour permettre ensuite une résilience, leur permettre de reprendre leur place dans la société. Et c'est important pour l'ensemble de la société parce que la société qui est concernée, c'est la société dans son entier qui a été visée par les différents attentats terroristes, quels qu'ils soient, qu'ils soient ou les plus anciens ou les plus récents. C'est toujours un mode de vie, ce sont les représentants des Etats que nous sommes qui sont visés. Et le fait que l'ensemble de la société réfléchisse ce jour-là à ce que cela veut dire le terrorisme, pour qu'on puisse sortir de la sidération, de la peur, de la terreur, mais essayer de comprendre le phénomène et comprendre la vie et ce que les victimes ont à raconter de leur retour à la vie.

Ce choix d'aller rendre visite à Michel Catalano qui tient un discours assez optimiste en matière de résilience, il vous semble pertinent dans la période plutôt sombre que l'on vit en ce moment ?

C'est tout à fait pertinent. C'est vrai qu'on vit une période très sombre, on sent de plus en plus d'agressivité, de violence. Et je crois qu'il faut montrer, c'est le message que nous voulons porter en tant que victime, qu'il faut que le monde soit apaisé. C'est à dire qu'on peut être victime, il peut y avoir des violences, ce qui est important c'est d'arriver à refaire société, à rediscuter, à expliquer les choses, à être en capacité d'échanger, de transmettre, de raconter. La parole est très importante pour éviter justement le conflit.

On attend par ailleurs une accélération du projet de musée-mémorial, la première pierre doit être posée l'année prochaine. C'est un musée sur l'histoire du terrorisme de façon un peu large qui ne se concentrera pas sur un évènement ?

Non, c'est vraiment le phénomène du terrorisme et surtout de la façon dont les sociétés réagissent à ce terrorisme. C'est aussi un musée mémoriel c'est destiné à mettre en valeur les victimes et ce que les victimes ont fait de leur histoire. Et c'est un lieu d'éducation. Si ce n'était qu'un lieu de mémoire destiné aux victimes ça aurait un intérêt pour les victimes, mais ça s'arrêterait là. Ça va être un lieu d'enseignement où on va faire la promotion des valeurs que nous défendons et qui ont été attaquées par les terroristes. Il s'agit de tout mettre sur la table, de tout expliquer dans sa complexité et bien sûr montrer aussi ce que sont ces types d'actions, les différentes formes de terrorisme, montrer que la France a cette particularité dans le monde d'avoir été frappée par toutes sortes de terrorisme et par toutes formes de terrorisme. Ça peut être des prises d'otages, des attaques au couteau comme des bombes, des attentats sur des avions, malheureusement la France a connu toutes les palettes. On arrive à avoir un côté universel dans la démarche. Ca s'inspire à la fois du mémorial de la Shoah, dans l'ampleur, et aussi du World Trade Center ou du musée sur l'île d'Utoya. Ce n'est pas un attentat en particulier, c'est le phénomène qui est expliqué, ce qui n'empêchera pas des expositions temporaires ou d'autres lieux de mémoire spécifique à un attentat, comme il est prévu de le faire à Nice.

Ce musée devrait notamment présenter des affaires personnelles de personnes tuées par le terrorisme. Vous pensez que c'est supportable pour les proches des victimes de savoir ces objets-là au musée ?

Ce sont des objets qui vont être choisis et donnés ou prêtés par les victimes elles-mêmes ou par leurs proches. Donc toutes les précautions sont prises pour que ce soit une acceptation, je crois que les gens pourront d'ailleurs revenir en arrière. C'est co-construit avec les victimes. Le but, c'est d'arriver à toucher des personnes sans être dans le pathos, sans être dans le sensationnel, mais qu'on se rende compte. Au mémorial de la Shoah, la pièce où on voit toutes les toutes les paires de lunettes, ce ne sont que des lunettes et pourtant, derrière, on comprend tout, on comprend l'horreur. Il se trouve que moi, j'ai récupéré dans le désert du Ténéré, après la mort de mon père, une boucle de ceinture de l'avion dans lequel il était qui était le DC10 d'UTA, complètement tordue par le choc et avec la lanière brûlée. Cet objet-là, je vais le donner au musée. Il symbolise la sécurité et en même temps, il y a le logo UTA et donc on comprend la violence de ce qui s'est passé.

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