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Trois questions sur les ceintures d'explosifs utilisées par les kamikazes à Paris

L'explosif utilisé, le TATP, est très puissant et très instable. L'assemblage des ceintures nécessite un grand savoir-faire, ce qui laisse penser que l'artificier ne faisait pas partie du commando.

Article rédigé par franceinfo
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La police scientifique enquête, le 14 novembre 2015, sur le lieu d'une explosion, boulevard Voltaire, à Paris. (WILLIAM ABENHEIM / SIPA)

Pour la première fois en France, des terroristes ont commis des attentats-suicides à l'aide de ceintures d'explosifs portés par sept d'entre eux. Un attirail qui constitue une nouvelle preuve de la préparation et de l'organisation des assaillants qui ont perpétré les attaques du 13 novembre à Paris. Francetv info détaille le fonctionnement de ces armes aux effets dévastateurs.

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Quels sont les matériaux utilisés ?

Dès samedi soir, le procureur de la République de Paris, François Molins, a précisé que les sept jihadistes morts lors des attaques portaient tous les mêmes ceintures explosives, plus précisément des "gilets explosifs". Bourrés d'explosifs, ces gilets étaient munis d'une pile et d'un bouton pression servant de détonateur. Ceux utilisés par les trois kamikazes du Stade de France comportaient en plus des boulons, un procédé qui permet d'aggraver les dégâts de la bombe.

L'explosif utilisé, le TATP (triacetone triperoxide, plus connu sous le nom de peroxyde d'acétone) est puissant et très instable. Les produits utilisés pour fabriquer l'explosif peuvent se trouver sans mal dans le commerce : acide sulfurique (présent par exemple dans les produits pour déboucher les canalisations), eau oxygénée et acétone.

Il faut ensuite assembler les composants. "Dans toute bombe, deux charges explosives sont utilisées. Une charge primaire pyrotechnique de quelques grammes environ, placée dans un détonateur, et une charge secondaire, dite de destruction, d'un poids plus important", explique un spécialiste militaire des explosifs cité par Le Figaro.

Qui les a fabriquées ?

Si les "ingrédients" sont faciles à trouver, l'assemblage d'une ceinture explosive est autrement plus compliqué et nécessite un grand savoir-faire. "Ça ne se fait pas en deux jours. Il faut des semaines de formation, et il faut travailler sous les ordres d'un 'maître'. C'est un travail minutieux, il faut un gars qui sache ce que c'est qu'un explosif, un détonateur, comment relier les éléments entre eux sans que ça vous pète au visage", assure un ancien chef d'un service français de renseignement cité anonymement par l'AFP.

Selon plusieurs spécialistes du renseignement, il est plus que probable que le technicien qui a fabriqué les ceintures ou les gilets du commando qui a ensanglanté Paris ne faisait pas partie de l'équipe d'assaut. Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE, "le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc il est là, quelque part..."

Où peut se cacher l'artificier complice des attaques ? Probablement en France ou dans un proche pays européen, et certainement pas en Syrie. "Ils n'ont pas importé les ceintures de Syrie : plus tu trimbales ces machins-là, plus tu multiplies les risques. Il est très vraisemblable qu'il y a ici, en France ou en Europe, un ou plusieurs gars qui sont revenus des terres de jihad et qui ont appris là-bas sur le tas", affirme un spécialiste interrogé par l'AFP.

Comment ont-elles explosé ?

Les gilets utilisés par les kamikazes comportaient tous un bouton poussoir permettant de déclencher l'explosion. On ne sait pas si toutes les explosions ont été causées par cette action ou bien si certaines n'ont pas été déclenchées involontairement par le porteur du gilet. La question se pose notamment concernant les trois kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France (Saint-Denis) à un moment où personne ne se trouvait dans les rues.

Ont-ils fait exploser leur bombe à l'heure prévue bien qu'ils ne soient pas parvenus à pénétrer dans l'enceinte sportive ? Ou bien ont-ils été victimes d'explosions non contrôlées ? "Le TATP est sensible aux chocs, à la chaleur et aux frictions", témoigne auprès de 20 Minutes un expert chimiste engagé dans les forces de l'ordre. Un militaire interrogé par Le Figaro complète : "Le simple fait de garder au creux d'une main fermée un détonateur peu ou mal isolé peut provoquer l'explosion."

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