Procès des attentats du 13-Novembre : "La justice a eu le dernier mot face à ces actes de terrorisme ignobles", estime l'un des avocats généraux
"On est fiers d'avoir réussi à aller au bout, nous les représentants du ministère public parce que ce n'était pas une chose évidente sur un tel procès", a réagi sur franceinfo Nicolas Le Bris, l'un des avocats généraux.
"La justice est passée, elle a eu le dernier mot. Face à ces actes de terrorisme ignobles, la France a répondu par la démocratie et par le droit", estime jeudi 30 juin sur franceinfo, Nicolas Le Bris, l'un des avocats généraux au procès des attentats du 13 novembre 2015 qui s'est terminé mercredi 29 juin. Salah Abdeslam a été condamné à la perpétuité incompressible.
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franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui à la fin de ce procès?
Nicolas Le Bris : Ce procès a été au bout et rien que pour ça c'est un énorme soulagement. Il y avait une part d'inconnu qui était lié à la durée de ce procès, au nombre d'accusés, à la pandémie qui pouvait avoir des conséquences sur ce procès et qui en a eu. On est fiers d'avoir réussi à aller au bout, nous les représentants du ministère public parce que ce n'était pas une chose évidente sur un tel procès.
"Ce que je retiens et que j'emporte avec moi, ce sont les mots des victimes. J'ai redécouvert ce dossier au travers des témoignages de victimes."
Nicolas Le Bris, l'un des avocats généraux du procès des attentats du 13 novembre 2015à franceinfo
En écoutant ces récits, ça a été pour moi quelque chose de très fort. Pour moi le 13-Novembre c'étaient 130 morts et des centaines de blessés, mais on a vu les familles, les réalités, les récits qui nous ont bouleversés, on a vu toutes les individualités émerger, toutes ces souffrances et on s'est rendu compte du cataclysme qu'avaient été ces attentats.
Quand on est avocat général, on doit cacher ses émotions…
Il y a le masque qui permet de les dissimuler mais je pense qu'il ne faut pas s'en cacher, c'étaient des moments qui même pour nous étaient difficiles. On s'y était préparés et on savait que ça allait être dur mais peut-être pas à ce point. La justice a été rendue, c'est très fort et très important, la cour a prononcé son verdict. La justice est passée, elle a eu le dernier mot. Face à ces actes de terrorisme ignobles, la France a répondu par la démocratie et par le droit.
Les accusés, vous les aviez sous vos yeux, vous ont-ils surpris ?
Il y a eu des surprises, il y a eu un ou deux accusés sur lesquels j'ai pu avoir un autre point de vue en les voyant à l'audience et d'autres qui ont renforcé l'impression négative qui était la mienne avant le début du procès.
"J'ai notamment vu un accusé passant la plupart de l'audience à dormir, d'autres parfois à esquisser des sourires lorsque des victimes venaient témoigner."
Nicolas Le Bris, l'un des avocats généraux du procès des attentats du 13 novembre 2015à franceinfo
Tout cela je le remarque et on est très attentifs de notre place à la façon dont les choses se passent dans le box. Ce sont des éléments qui disent beaucoup de l'accusé et qui permettent de se renforcer sur l'opinion ou la conviction qu'on peut avoir au sujet des accusés.
Vous les avez vus évoluer aussi les accusés, comme Salah Abdeslam qui dit avoir évolué ?
Il l'a déclaré qu'il avait évolué, ça été un slogan pour lui. Il a élaboré une stratégie de défense. Est-ce que c'est une évolution vers une absence de dangerosité à plus ou moins court terme ? Je ne m'aventurerai pas à le dire. Je m'interroge sur la sincérité de ces mots.
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