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Pourquoi Djamel, amputé après le 13 novembre, a eu tant de mal à obtenir sa carte d'invalidité

Par deux fois, les services sociaux ont refusé l'octroi d'une carte d'invalidité à ce jeune homme qui a perdu sa jambe dans l'attaque contre La Belle Equipe.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Devant le bar La Belle Equipe, à Paris, le 15 novembre 2015, deux jours après les attentats. (BERTRAND GUAY / AFP)

Djamel C. vient de remporter une victoire contre l'administration. Après des mois de démarches, cet homme de 36 ans, gravement blessé lors des attentats du 13 novembre à Paris, va enfin recevoir sa carte d'invalidité. Il en a eu confirmation ce lundi 4 juillet, quelques heures après avoir commencé une grève de la faim.

"Même mon médecin m'a dit que ce n'était pas normal"

Le 13 novembre, sur la terrasse de La Belle Equipe, Djamel est atteint de trois balles, dans le bras, dans la cuisse et dans la cheville. Depuis l'hôpital où il est soigné, il formule une première demande de carte d'invalidité fin novembre.


La réponse tombe au printemps : la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de Seine-Saint-Denis, où il est domicilié, lui oppose un premier refus. "Sans aucune explication", affirme Djamel, interrogé par francetv info.

La nouvelle est particulièrement difficile à encaisser car Djamel, quelques semaines avant la réception du courrier, a dû subir l'amputation de sa jambe touchée. Une nouvelle demande prenant en compte cette situation est alors déposée. Mais, le 30 juin, un nouveau refus lui est notifié. "C'est incompréhensible. Même mon médecin m'a dit que ce n'était pas normal", déplore-t-il. Une dizaine de jours plus tôt, lors d'une entrevue, la secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, lui aurait pourtant assuré qu'il obtiendrait gain de cause. "Elle m'a dit que tout était réglé, mais ce n'était pas vrai ! s'indigne-t-il. Si Manuel Valls pense que madame Méadel fait du bon travail, eh bien c'est complètement faux."

Une dérogation demandée par le secrétariat d'Etat

Joint par francetv info, le secrétariat d'Etat affirme que Juliette Méadel s'était engagée à ce que Djamel obtienne le statut de travailleur handicapé, "ce qui est bien le cas dans le courrier du 30 juin". En revanche, s'il n'a pas obtenu de carte d'invalidité, c'est parce que Djamel, malgré sa jambe amputée et son bras inutilisable, reste en-deçà du seuil de 80% d'invalidité qui permet la délivrance de cette carte.

Pour preuve de sa bonne foi, le secrétariat d'Etat assure avoir fait bouger les choses ces dernières heures. "Dès que nous avons eu connaissance de cette lettre de refus, vendredi, nous avons demandé à la MDPH qu'une dérogation lui soit accordée compte tenu des circonstances dans lesquelles il a été blessé", explique-t-on. La dérogation lui a été notifiée dans un courrier envoyé ce lundi dans sa boîte mail. Le combat de Djamel n'aura pas été vain : il aura bien droit à sa carte d'invalidité, huit mois après la tragédie.

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