"Le policier s'est écarté, puis il est tombé dans les bras de son collègue"
Dans une capitale sous pression, ces deux agents ont craqué. Benjamin Filarski a capturé cet instantané. Francetv info a pu s'entretenir avec le photographe.
Il est 20 heures, dimanche 15 novembre. Un peu plus tôt, des rumeurs de tirs ont provoqué d'importants mouvements de foule dans plusieurs quartiers de Paris. Dans une capitale sous pression, deux policiers laissent craquer leurs nerfs, l'espace d'un instant. Photographe depuis 3 ans, Benjamin Filarski, membre de l'agence Hans Lucas, saisit un cliché partagé des milliers de fois, depuis sa diffusion sur les réseaux sociaux.
"C'était juste après le climat de paranoïa à République, rue de la Fontaine au Roi, devant le bar La Bonne Bière, explique le photographe, contacté par francetv info. Il y avait moins de monde que pendant la journée, mais il y avait encore une centaine de personnes, entre le restaurant Casa Nostra, plus haut, et ce café." Le jeune homme aperçoit alors deux policiers, au milieu des civils. "Ils se recueillent devant des bougies, debout, côte à côte, comme la plupart des gens. Au bout d'une minute, l'un d'eux craque, s'est écarté de cinq mètres. Puis il tombe dans les bras de son collègue."
"J'ai pris la photo, sans oser leur parler ensuite"
La scène dure "cinq ou huit secondes", tout au plus. Un court moment d'abandon coupé par une tape dans le dos, avant que les deux hommes repartent. "En haut à droite, quelqu'un regarde en arrière, mais je crois que très peu de personnes les ont vus", poursuit le photographe. Ont-ils perdu un proche ? Ont-ils vécu l'horreur pendant les attaques ? "Je ne connais pas l'histoire de ces deux policiers. J'ai pris cette photo, sans oser leur parler ensuite."
Aussi courte qu'émouvante, cette scène a frappé les consciences, au point d'être partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux. "J'ai posté l'image sur Facebook, et un collègue de l'agence l'a postée sur Twitter. Depuis, ça n'arrête pas. Je savais que cette image était forte, mais je ne pensais pas qu'elle toucherait autant les gens." Selon Benjamin Filarski, c'est parce qu'il est rare de voir les forces de l'ordre fendre l'armure. "Jusqu'ici, on voyait la police dans un rôle sécuritaire, mais pas dans cette situation. Les sentiments exprimés par ces policiers ont marqué les gens. Je n'ai pas eu le temps de lire tous les commentaires, mais beaucoup me disent avoir été touchés par le symbole."
* Retrouvez davantage de photographies réalisées par Benjamin Filarski, sur le site de l'agence Hans Lucas.
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