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Mouvement de foule à Paris : "Les gens sont encore beaucoup trop nerveux"

Après l'explosion d'une lampe sur la terrasse d'un café, un mouvement de foule s'est propagé dans l'est de Paris, aux abords de la place de la République où des milliers de personnes étaient rassemblées en hommage aux victimes des attentats.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les gens fuient un rassemblement au restaurant Le Carillon, l'un des sites des attentats, après un mouvement de foule, le 15 novembre 2015 à Paris. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Des chants, des applaudissements, des bougies, des jeunes avec des panneaux "free hugs" qui leur pendent au cou ont rempli la place de la République, dimanche 15 novembre.

Pas de foule compacte, comme lors des rassemblements qui avaient suivi les attentats de Charlie Hebdo, le soir du 7 janvier, mais un va-et-vient de badauds, qui passent et se recueillent sur les sites des différentes attaques parisiennes de vendredi, répartis entre les 10e et 11e arrondissements de la capitale.

Mais soudain, peu après 18 heures, les chants font place aux cris.

Impossible de déterminer le son, le geste ou la rumeur à l'origine du mouvement de panique qui survient. En moins d'une seconde, les quelques personnes immobiles, plongées dans une conversation ou fixant leurs téléphones, se retrouvent emportées par la foule. Cris, bousculades… Les gens courent aussi vite qu'ils le peuvent en direction des rues adjacentes, tandis que les terrasses se vident dans la confusion au son des bris de verre et des chaises renversées.

"Je savais qu'il se passerait quelque chose"

Le gérant d'un hôtel a ouvert la porte de sa réception, bientôt trop petite pour accueillir les gens qui poussent la porte, apeurés. "Il y a plus de place en bas, descendez, descendez", intime-t-il. "Pas de réseau !", lance immédiatement un jeune homme en pénétrant dans la cave.

Sans information, les personnes cachées se dévisagent, livides. "Vous avez l'air d'avoir encore plus peur que moi", lance Irène, une petite dame âgée énergique, à un jeune couple silencieux. "Je savais qu'il se passerait quelque chose, confie-t-elle, discutant pour rompre le silence pesant, c'était obligé. Mais je suis quand même venue. Je suis descendue acheter une baguette de pain, et puis j'ai vu tous ces gens, je me dis dit : 'allez, reste un peu'."

Elle rentrait chez elle quand l'ambiance est devenue incontrôlable. "Je vis dans ce quartier depuis 40 ans, je l'ai vu se rajeunir. Il me plaît tellement que je regrette de ne pas être jeune pour profiter de ces cafés et de ces endroits qui ont été attaqués", se lamente-t-elle, assurant qu'il faut continuer de les faire vivre. "Mais là, aujourd'hui, c'est risqué de se rassembler, les gens sont encore beaucoup trop nerveux".

"Quand ma mère va savoir que je suis dans une cave…"

"Vous avez entendu des tirs, vous ?" demande-t-elle. "J'ai entendu quelque chose, moi", répond une voix dans la salle. "C'est sans doute le bruit des tables et des chaises précipitées sur les grilles, c'était bruyant, mais ce n'était pas des tirs, c'est sûr, relativise Benjamin. Les gens étaient trop stressés, il ne s'en est pas fallu de grand-chose." 

Dans la petite cave, deux adolescentes parviennent à téléphoner. L'une appelle sa mère et tente d'avoir des informations, en vain. "Il y a eu une fusillade ?" demande-t-elle, pendant que tout le monde l'observe, sans dire un mot. "Ma mère m'avait demandé d'être prudente et de ne pas sortir, et moi, forcément, je suis allée place de la République", regrette sa copine, angoissée. "Quand elle va savoir que je suis dans une cave", souffle-t-elle, ouvrant ses grands yeux sombres.

L'explosion d'une lampe de chauffage

Selon le ministère de l'Intérieur, c'est la lampe de chauffage de la terrasse d'un bar, quai de Jemmapes, qui a sauté, provoquant un mouvement de foule. Une onde de choc qui s'est propagée dans tout le quartier, jusqu'à la place de la République, mais aussi plus loin, dans le quartier de Belleville, où les terrasses si souvent bondées ont été désertées.

Dans la cave de l'hôtel, un employé ouvre la porte pour prévenir le petit groupe d'une trentaine de personnes : "Les gens reviennent dans la rue, ça ressemble à une fausse alerte. Ceux qui veulent sortir, on leur ouvre la porte, mais vous pouvez rester si vous avez peur." Immobile, le groupe hésite. Dans le couloir, une dame assise sur une chaise peine à respirer, pendant qu'un homme près d'elle maintient la foule à l'écart. "Ça va, ça va, ça va", lance en souriant une jeune Américaine, en français, pour rassurer les personnes qui remontent dans l'étroit escalier.

Les gens se sourient, un peu hébétés, en pénétrant dans la rue, si calme. "C'était des pétards, alors ?" se demande encore un homme au téléphone, devant la terrasse au sol couvert de verre brisé. "Quels idiots !"

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