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Attentats à Paris : inquiétude sur des comportements religieux à la RATP

D'après "Le Parisien", la Régie des transports parisiens est l'entreprise française qui emploie le plus de personnes faisant l'objet d'une fiche S.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Les bâtiments de la RATP à Paris, le 25 août 2015. (REGIS DUVIGNAU / REUTERS)

"Il y a des déviances graves" à la RATP. C'est ce qu'affirme Christophe Salmon, secrétaire général de la CFDT au sein de la société, dans Le Parisien. Depuis quelques années, la Régie des transports parisiens constate en effet une hausse des incidents liés à la religion, principalement auprès des 17 000 conducteurs de bus. Ces accusations refont surface, alors que la régie de transports parisien indique que l'un des assaillants du Bataclan est passé dans ses rangs, il y a trois ans.

D'après le syndicaliste, il n'est pas rare que certains salariés aient des "attitudes indésirables" par rapport à leurs collègues. "On a laissé s'installer un système où certains agents refusent de saluer une femme, arrivent en retard pour faire leur prière, ou même prient sur place", explique-t-il. "Nous n'avons rien quantifié, mais ces comportements sont de plus en plus fréquents dans l'entreprise", assure-t-il, cette fois à francetv info. "La situation ne s'apaise pas, elle se banalise. Et nous, nous sommes contre le communautarisme."

Selon une employée interrogée par Le Parisien, cette situation a commencé il y a cinq ou six ans : "Quelques-uns à qui je faisais la bise ont refusé de m'embrasser, puis de me saluer. Et pourtant, je suis musulmane", raconte-t-elle. Cette situation concernerait surtout les dépôts de Paris-Nord, de Nanterre, et de La Garenne-Colombes, rapporte le quotidien.

Charte de la laïcité pour les salariés

En 2013, la RATP a mis en place une charte de la laïcité pour ses salariés, à l'attention des managers confrontés à de telles situations. "Depuis que je suis arrivée (en mai 2015, ndlr), on ne m'a signalé aucun écart par rapport à ce code de conduite et s'il devait y en avoir, tout ce qui est sanctionnable sera sanctionné", a précisé la PDG Elisabeth Borne, en conférence de presse.

"Le fait de dire 'bonjour' est un principe de civisme", précise le document, publié par francetv info, "Mais le fait de ne pas serrer la main ne peut donner lieu à lui seul à une sanction disciplinaire." Mais le responsable doit alors rappeler que "chacun mérite le respect" et cette attitude peut être même sanctionnée, si elle contrevient "au principe de non discrimination liée au sexe".

"Il faut faire très attention à tous les amalgames qu'on peut entendre", a déclaré Elisabeth Borne, qui a rappelé que l'entreprise était "un des premiers employeurs d'Ile-de-France" et qu'"elle recrute à l'image des quartiers qu'elle dessert".

"Cela montre bien que la direction n'est pas au courant du terrain", commente Christophe Salmon, interrogé par francetv info. Quand elle m'a contacté pour me dire que je mentais, je leur ai répondu de se renseigner à certains endroits précis. Et vous savez, pour la plupart des responsables sur le terrain, l'important, c'est surtout que les bus partent à l'heure."

Contacté par francetv info, le secrétaire de Sud RATP Jean-Luc Chevalier conteste farouchement les accusations de la CFDT, tout en rappelant que la "RATP n'était pas une société étanche au milieu de la société." Selon lui, les comportements dénoncés par la CFDT sont marginaux dans l'entreprise. "Notre syndicat est très attaché à la laïcité, on ne cautionnera jamais des gens extrémistes dans l'entreprise. Ces accusations sont opportunistes."

Interrogations sur le recrutement

Au-delà des problèmes "d'attitudes", Le Parisien indique que la RATP est l'une des entreprises qui emploie le plus de personnes faisant l'objet d'une fiche S. "Des personnels ont été sanctionnés pour des faits religieux. (...) Sur les fiches S, nous n'avons aucune information. Mais dès que les autorités nous informent, nous prenons les décisions qui s'imposent", assure Jérôme Harnois, le directeur de cabinet d'Elizabeth Borne, PDG de la RATP au Parisien.

"Il y a certaines choses à améliorer mais qui dépassent le cadre de l'entreprise", reprend Jean-Luc Chevalier. "Il faut peut-être renforcer la communication avec les autorités pour communiquer les personnes fichées aux entreprises publiques. Mais dire que la RATP est une entreprise de recrutement d'islamistes est tout de même caricatural !" Enfin, la direction de l'entreprise assure exiger à tous ses "nouveaux" salariés, un casier judiciaire vierge.

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