"Le bâtiment le plus sécurisé de la prison" : au cœur du quartier pionnier de détenus radicalisés à Lille-Annœullin
Deux prisons, dans le Pas-de-Calais et l'Orne, seront prochainement équipées pour prendre en charge des détenus radicalisés. Pour l'heure, il n'existe qu'un seul quartier de ce modèle, à la prison de Lille-Annœullin, que franceinfo a visité.
Deux quartiers de prise en charge des personnes radicalisées doivent être créés en 2018 a annoncé, vendredi 23 février, le Premier ministre Edouard Philippe, lors de la présentation d'un plan de lutte contre la radicalisation. Installés à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne), ils vont s'inspirer du modèle unique pour le moment, de celui de la prison de Lille-Annœullin (Nord), que franceinfo a visité.
Un secteur ultra sécurisé à l'intérieur de la prison
La prison grise est implantée au milieu des terrils bruns. Sous l’un des trois miradors, le quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) est séparé de toutes les autres ailes du centre pénitentiaire. Pour y arriver, il faut franchir plusieurs grilles, puis une très lourde porte en fer, une longue allée et à nouveau plusieurs portes. "C’est le bâtiment le plus sécurisé de l’établissement", précise un surveillant. Les fenêtres de ce bâtiment moderne, avec de petites caméras rondes intégrées aux murs, sont toutes placées sous haute surveillance, explique Aurélie Leclercq, la directrice de la prison de Lille-Annœullin.
Les fenêtres des cellules donnent toutes vers le mirador. Les cours de promenade donnent vers l’intérieur du bâtiment, ce qui empêche les projections. Et les murs entourant ces cours font 11 mètres de haut.
Aurélie Leclercq, directrice de la prison de Lille-Annœullinà franceinfo
"Ce n'est pas le cas pour la bâtisse classique de la prison où les cours de promenade sont par exemple équipées de grillage", précise la directrice. Dans le secteur le plus surveillé, on a, dit-elle, une différence d’architecture qui permet de garantir une sécurité importante. "Les détenus affectés dans ce quartier ne croisent jamais les autres détenus dans l’établissement", ajoute Aurélie Leclercq.
Une équipe de surveillance pluridisciplinaire
C’est ce modèle de quartier totalement étanche du reste de la détention que le gouvernement a décidé de dupliquer dans deux nouvelles prisons. La prise en charge des détenus sera encadrée, comme dans le Nord, par une équipe pluridisciplinaire composée de surveillants, conseillers de réinsertion, éducateurs, psychologues, imams. Cette équipe est précieuse pour mieux repérer les changements chez les détenus, estime un surveillant lillois, fier du travail qu’il a accompli en deux ans. "On participe à notre façon, un peu, à la lutte antiterroriste", indique le gardien. Les détenus, face aux surveillants, se comportent de façon naturelle, ajoute-t-il. "Nous sommes dans leur quotidien. Ils ont besoin de nous quand on ouvre les portes pour aller en promenade", explique le surveillant.
Il n’y a pas ce rapport de 'mécréant' ou autre. Ça a été vrai peut-être au début, quand on ne se connaissait pas avec les détenus, mais ça ne l’est plus maintenant.
Un surveillant du QPR de Lille-Annœullinà franceinfo
Ce constat encourageant n'empêche pas les surveillants de rester sur le qui-vive. Dans ce quartier, ils sont toujours six pour vingt détenus. C'est beaucoup plus que dans les prisons classiques. En revanche, les détenus, comme dans toutes les prisons, ont leur salle de musculation, leur terrain de sports, ainsi qu'une bibliothèque. Sur les rayons de celle du QPR de Lille-Annœullin, on aperçoit, parmi les livres, du Rimbaud, Tintin ou encore un ouvrage sur le port du voile.
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