Sarkozy inflexible : les magistrats continuent la grève
"Voilà ma réponse aux magistrats" Sarkozy
Le chef de l'État hier a adressé une fin de non-recevoir aux magistrats qui ne décolèrent pas depuis ses propos accusateurs du 3 février à Orléans. Alors que leurs manifestations hier devant les tribunaux ont fait le plein, Nicolas Sarkozy est resté de marbre : "tout n'est pas une question de moyens", a-t-il rétorqué.
Et d'enchaîner : "Les peu de marges de manœuvres que nous
avons (...) je préfère les mettre pour faire reculer le chômage que pour
améliorer la situation de personnels qui ont un statut et qui, que la crise
soit forte ou pas, garderont leur statut et garderont leur rémunération".
_ Pas un centime donc pour les magistrats qui pourtant dénoncent à tour de bras depuis la semaine dernière des conditions d'exercice plus que précaires... et qui sont élégamment renvoyés à leur fiche de paie. Tout juste le président consent-il à ce que le ministre de la Justice Michel Mercier ouvre une concertation avec l'ensemble du monde judiciaire à partir de lundi.
Sur l'affaire de Pornic proprement dite, le chef de l'État a repris son antienne : "Je suis président de la République, mais je suis aussi un être humain ". Il ne reniera donc pas ses mots du 3 février qui ont mis le feu aux poudres : "S'il y a des fautes, il y aura des sanctions".
Nicolas Sarkozy enfin a réitéré sa promesse d'instaurer des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels - aujourd'hui, ils n'existent qu'en cour d'Assises-. "Avant l'été", a-t-il annoncé.
"Mensonges", "provocation", "mépris", "délire" (Les syndicats)
La réponse des syndicats ce matin est donc sans appel. L'USM (Union syndicale des magistrats) et le SM (Syndicat de la magistrature) appellent les juges à tenir de nouvelles assemblées générales pour prolonger le
mouvement jusqu'à mardi, au lendemain de l'entretien que le
ministre de la Justice Michel Mercier leur a promis.
Les magistrats, greffiers et fonctionnaires du
tribunal de grande instance de Paris ont ainsi voté ce matin la
poursuite du report des audiences non urgentes jusqu'à mardi midi
dans l'attente d'éventuelles propositions du garde des Sceaux Michel
Mercier. Leurs homologues de Nantes l'ont voté eux jusqu'à jeudi prochain inclus.
Des syndicats qui s'estiment incompris, et déplorent l'exploitation faire par le chef de l'État de leur mouvement quand il oppose les chômeurs aux magistrats qui ne craignent rien pour leur "statut" et leur "rémunération". "Il a dévié notre propos, nous ne réclamons pas de l'argent
pour nous, ç'aurait été indécent, on réclame juste de l'argent
pour fonctionner normalement ", proteste Virginie Valton,
vice-présidente de l'USM. Pour Matthieu Bonduelle, secrétaire général du SM, c'est "une provocation (...) une marque de mépris pour les fonctionnaires".
Marc Trévidic, président de l'Association française des
magistrats instructeurs (AFMI) lui qualifie carrément ce passage
de l'intervention présidentielle de "délire" : " La justice n'est pas le problème
des magistrats mais celui des citoyens ".
Hier, les magistrats français presque au complet ont manifesté dans une trentaine de villes, dont Nantes d'où la fronde est partie.
Cécile Quéguiner, avec agences
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