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Saint-Aignan : le gendarme mis en examen. Il reçoit "le soutien moral et matériel" d'Hortefeux

Nouvelle étape judiciaire cruciale, après la mort du jeune gitan tué par balle en juillet, lors d'une course-poursuite dans le Loir-et-Cher. Le gendarme, qui avait tiré, a toujours plaidé la légitime défense. Mais le juge Xavier Girieu a décidé ce matin de le mettre en examen. _ Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, lui apporte pourtant "publiquement son soutien moral et matériel"...
Article rédigé par franceinfo
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Après avoir été entendu par le juge d'instruction ce matin à Blois, le gendarme, soupçonné d'avoir tiré sur le jeune Luigi Duquenet, a été mis en examen pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Il est cependant ressorti libre. Et a reçu dans l'après-midi le "soutien moral et matériel" du ministre de l'Intérieur. En dépit du chef de mise en examen, Brice Hortefeux insiste, dans son communiqué : "Il ne faut pas oublier les faits, dit-il. Ce militaire aujourd'hui dans l'épreuve (...) avait dû faire face à Saint-Aignan à une situation extrêmement dangereuse pour sa vie".

La mort du jeune gitan, point de départ du virage sécuritaire emprunté par le gouvernement et l'Élysée, contre les gens du voyage et les Roms, remonte à la nuit du 16 au 17 juillet. Luigi Duquenet, 22 ans, recherché pour avoir volé 20 euros, tente de se soustraire à un contrôle de gendarmerie. Il est alors pris en chasse, et face à un barrage à Thésée-la-Romaine, reçoit une balle mortelle.

Légitime défense ou pas ?

Les circonstances de ce tir restent encore très confuses. Le gendarme a toujours admis avoir tiré, par légitime défense. Le parquet a donc ouvert deux enquêtes judiciaires parallèles, l'une sur le décès du jeune homme, l'autre sur les risques encourus par les gendarmes avant les tirs.

Selon l'avocat du père de Luigi, "la thèse de la légitime défense ne pouvait être retenue" car l'autopsie et les premières expertises démontraient que le tir mortel avait été
effectué "latéralement" par le gendarme, du côté passager de la voiture.

Miguel Duquenet, qui conduisait la voiture à bord de laquelle son cousin
Luigi a été tué, avait témoigné des mêmes faits, en se rendant à la police. Il a même toujours contesté avoir forcé le barrage . Il a pourtant été mis en examen et placé en détention pour "tentative d'homicide volontaire".

Un autre gendarme muté

La mort de Luigi Duquenet, en tout cas, avait entraîné en juillet une flambée de violences : des voitures, des vitrines, des arbres et des bâtiments municipaux en avaient fait les frais.
_ Or, hier, on apprenait qu'un autre gendarme, le numéro deux du groupement départemental à Blois, de permanence lors de ces violences, venait d'être muté après seulement un an en poste.

Le porte-parole de la gendarmerie du Centre a beau indiquer que cette mutation est ordinaire, selon le quotidien La Nouvelle République, "certains dans le département, y
compris au sein de la gendarmerie, pensent que l'officier a servi de fusible
pour la mauvaise gestion de ces incidents".

C'est après ces émeutes que Nicolas Sarkozy avait évoqué "les problèmes de comportement des gens du voyage et des Roms". Argument de circonstance pour lancer les démantèlements de camps illégaux, les expulsions et les reconduites aux frontières de Roms.

Cécile Quéguiner, avec agences

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