Rixes entre jeunes : "Il faut passer par le dialogue", ils "ont besoin de parler", assure un ancien braqueur devenu médiateur
Alors qu'un adolescent de 16 ans est mort lundi 16 janvier après avoir été poignardé lors d'une probable rixe entre bandes rivales à Thiais (Val-de-Marne), Yazid Kherfi, directeur de l'association Médiation Nomade, met en avant sur franceinfo ce mardi la nécessité des dispositifs anti-rixes, tels que les médiateurs déployés dans certains quartiers pour apaiser les tensions. Cet ancien braqueur, condamné à cinq ans de prison, devenu ensuite médiateur, estime que face aux rivalités et aux violences qui en découlent, "il faut passer par le dialogue". "Plus les jeunes vont prendre la parole, moins ils sont violents", assure-t-il.
Sur le terrain, Yazid Kherfi constate que "les jeunes sont de plus en plus seuls et de plus en plus mal". "Pour certains, la colère s'est transformée en haine, ils n'arrivent pas à gérer leur frustration, alors ils réagissent par la violence", observe ce médiateur. Certains adolescents rencontrent des difficultés à l'école et dans leur famille, alors ils se tournent vers les bandes qui deviennent "leur deuxième famille".
"La seule façon d'exister, d'être valorisé et reconnu pour certains, c'est d'être dans une bande et la violence pour eux est une façon de retrouver du pouvoir"
Yazid Kherfià franceinfo
Face à ce mal-être, "les jeunes ont besoin de parler pour sortir toute leur colère ou la haine qu'ils ont à l'intérieur", plaide Yazid Kherfi. Ce dialogue est d'autant plus nécessaire, que certains adolescents sont en décrochage. "Ils ont vraiment l'impression qu'on ne les aime pas, que les adultes se sont séparés d'eux", explique-t-il.
Lorsqu'il noue contact avec ces adolescents, ce médiateur leur parle de son passé de délinquant : "Il faut leur parler des sanctions, des lois" qui existent, mais aussi "des victimes et des familles". Yazid Kherfi regrette un manque de moyen pour réaliser ce travail de médiation. Il appelle donc les pouvoirs publics à s'emparer du phénomène des bandes rivales en "mettant plus de moyens dans la prévention". Il déplore un réel manque "d'animateurs, de médiateurs et d'éducateurs dans ces quartiers". "À chaque fois qu'il y a un problème, on rajoute des policiers", alors qu'il "manque des acteurs professionnels et des adultes bienveillants pour dialoguer" avec les adolescents.
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