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Réutiliser du matériel médical usagé ou laisser mourir ?

Le parquet de Caen a ouvert une enquête préliminaire à la suite de la plainte déposée par deux médecins du CHU de Caen. Ils dénoncent un usage illicite de matériel médical à usage unique. Une plainte qui vise clairement le chef du service de cardiologie, Gilles Grollier. On lui reproche d'avoir récupéré, stocké et réutilisé du matériel utilisé pour des interventions de chirurgie cardiaque lors d'opérations humanitaires à l'étranger.
Article rédigé par franceinfo
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La plainte contre X a été déposée par deux médecins du CHU, conseillés par le médiatique avocat Gilbert Collard. Les deux professeurs dénoncent un "usage illicite de matériel médical à usage unique" et des "pratiques de harcèlement" comme l'envoi de courriers diffamatoires à leur égard.

En février dernier, des infirmières et des aides-soignantes sont venues trouver l'un des plaignants. "Désemparées, elles m’ont confié qu’on leur demandait de récupérer des cathéters cardiaques à l’issue d’interventions pratiquées par le chef du pôle. Ces ballonnets à usage unique étaient lavés grossièrement et reconditionnés dans leur emballage d’origine. Ça durait depuis de longs mois au moins. Je suis tombé des nues, leur disant que c’était interdit par le Code de santé publique".

Le professeur se renseigne alors auprès d’autres personnels et alerte la responsable des infirmières. "J’ai appris que devant le refus des personnels, le chef de pôle récupérait lui-même le matériel, poursuit-il. Ça m’a affligé. J’ai mené une enquête interne. Et en réponse, mon collègue et moi avons été traités de calomniateurs!"

Gilles Grollier, le chef du pôle coeur-poumon-vaisseaux visé par les deux professeurs indique dans les colonnes du quotidien Le Parisien avoir "fait nettoyer du matériel pour permettre des soins à but humanitaire". Et de préciser: "Dans certains pays, on n'a pas le choix pour sauver des vies" .

Car cette pratique est répandue, notamment au sein de la Chaîne de l'Espoir, une association à laquelle appartient Gilles Grollier. Insistant sur le prix du matériel neuf, le cardiologue explique avoir pratiqué des opérations au Maroc et au Cambodge avec des cathéters recyclés mais "restérilisés" avec précaution.

Gilles Grollier se défend de tout manquement à la déontologie. "Réutilise-t-on du matériel ou laisse-t-on mourir ?" résume-t-il.

Anne Jocteur Monrozier

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